Zurich (awp) - Le géant des matières premières Glencore a rebondi au premier semestre, affichant un bénéfice net attribuable aux actionnaires de 2,45 mrd USD, après une perte nette de 369 mio un an plus tôt. La direction du groupe zougois s'est déclarée jeudi optimiste de pouvoir profiter de la croissance dans le secteur des véhicules électriques et des systèmes de stockage d'énergie qui va se traduire par une demande accrue de certaines matières premières.

"Sans être un expert sur le sujet, il suffit de voir ce que d'autres investissent dans ce segment pour s'assurer de son potentiel", a illustré en conférence téléphonique le directeur général (CEO) Ivan Glasenberg. Cuivre, nickel et cobalt notamment devraient bénéficier d'une demande soutenue.

Le résultat avant impôts s'est inscrit à 2,87 mrd USD, après une perte de 698 mio au premier semestre 2016, a précisé Glencore dans son rapport d'étape. Le chiffre d'affaires du mastodonte de Baar a bondi de 44,5% à 100,3 mrd, déduction faite des participations de tiers dans des coentreprises ou des consortiums.

Les revenus des activités d'extraction ont bondi de plus d'un quart à 17,97 mrd USD et ceux du négoce d'un tiers à 90,06 mrd USD. En termes de rentabilité, l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) ajusté du segment industriel a été presque multiplié par deux à 5,28 mrd USD, tandis que celui du négoce a progressé de 11,0% à 1,46 mrd USD.

PROFITER DE L'EMBELLIE

La progression de la rentabilité du segment industriel est largement attribuée au rebond des prix des matières premières depuis la seconde moitié de l'an dernier, ainsi que dans une moindre mesure par la discipline observée en matière de dépenses.

Publiée fin juillet, l'extraction de cuivre a ralenti de 9% à 642'900 tonnes entre janvier et juin. Le groupe a expliqué cet affaissement par une variation dans ses processus d'extraction ainsi que par l'arrivée en fin de cycle du site argentin d'Alumbrera notamment. Autre source de revenus importante pour Glencore, les volumes de charbon extraits ont progressé de 4% pour s'établir à 61,1 millions de tonnes.

Revenant sur les remaniements du vaste portefeuille de la société, M. Glasenberg a précisé que la coentreprise récemment dévoilée dans le charbon en Australie doit voir le jour dans les six prochains mois. La cession d'une part de 51% dans le stockage et l'acheminement de pétrole à HNA doit pour sa part arriver à terme avant la fin de l'année.

"Nous avons identifié de nombreuses opportunités d'acquisition ces derniers temps, mais avons observé une certaine retenue afin de maintenir notre ratio d'endettement net/Ebitda à un niveau raisonnable", a reconnu le patron sud-africain. Le groupe souhaite notamment renforcer sa présence dans le segment agricole en Amérique du Nord, aux côtés de ses partenaires canadiens.

Gourmandes en capitaux, les ouvertures de nouveaux sites demeurent à proscrire dans l'immédiat. M. Glasenberg n'a toutefois pas exclu de lancer de nouveaux projets de ce type dans les prochaines années, en cas de pénurie d'alternatives telles que des extensions de capacités ou des acquisitions.

FARDEAU DE LA DETTE ALLÉGÉ

Le ratio d'endettement net/Ebitda s'établissait fin juin à moins de 1,1x, contre 2,9x douze mois plus tôt et loin en dessous de la limite de 2x adoptée par l'entreprise. Le fardeau de la dette a été allégé de 1,6 mrd USD sur six mois à 13,9 mrd USD. Mi-2016, ce montant atteignait encore 23,6 mrd USD.

Aux prix courants, la société prévoit de générer un flux de trésorerie disponible de 7,1 mrd USD sur l'ensemble de l'année. L'Ebitda ajusté doit s'établir à 15 mrd, après 6,7 mrd au premier semestre.

Après avoir réglé un demi-milliard de dollars à ses actionnaires en mai, le conseil d'administration compte leur verser un second demi-milliard le mois prochain, conformément à ses engagements. Le montant du dividende pour l'année en cours sera déterminé en février prochain, sur la base du flux de trésorerie annuel.

En plus d'un nouveau milliard, les actionnaires pourront se partager au moins un quart du flux de trésorerie généré par les activités industrielles. L'organe de surveillance se réserve la possibilité d'étoffer encore leur rémunération au mois d'août, au moment de la présentation de la performance à mi-parcours.

UBS salue une performance conforme à ses projections, qui positionne Glencore de manière favorable pour l'avenir. La banque aux trois clés estime par ailleurs que les perspectives brossées par la direction pour l'ensemble de l'exercice demeurent prudentes. Credit Suisse pour sa part rappelle que le relèvement des ambitions était déjà connu depuis la présentation en juillet du rapport de production.

En début d'après-midi, la cotation primaire de Glencore à Londres cédait 1,4% à 335 GBp, dans un FTSE-100 en recul de 1,02%.

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