New York (awp/afp) - Les banques d'affaires Goldman Sachs et Morgan Stanley ont préservé leur rentabilité et augmenté leurs revus trimestriels, en dépit de la persistance des difficultés du courtage.

Les deux firmes, symboles des hauts et bas de la finance américaine, ont clôturé sur une note solide la saison des résultats du troisième trimestre des grandes banques, marquée dans l'ensemble par la bonne santé des activités traditionnelles de prêts aux ménages et aux entreprises et la mauvaise passe des activités spéculatives.

Goldman Sachs a dégagé un bénéfice net de 2,03 milliards de dollars lors des trois mois achevés fin septembre et a réussi à augmenter son chiffre d'affaires de 1,9% à 8,33 milliards.

Le bénéfice trimestriel de Morgan Stanley a, lui, bondi de 11,2% à 1,7 milliard de dollars pour un chiffre d'affaires de 9,2 milliards (+0,3%).

A Wall Street vers 17H GMT, Morgan Stanley gagnait 0,68%, alors que Goldman Sachs perdait 2,23% après avoir été dans le vert.

- Faible volatilité -

Les experts anticipaient dans les deux cas une baisse des bénéfices et des revenus parce que les deux établissements n'ont pas en leur sein de puissantes divisions prêtant directement de l'argent aux ménages et aux PME à qui ils peuvent répercuter les hausses des taux effectuées par la banque centrale (Fed) et améliorer ainsi leurs marges.

A défaut, Goldman Sachs a pu compter sur ses banquiers conseillant les entreprises dans des transactions de fusions-acquisitions. Leurs commissions ont flambé de 38% en un an, dopant ainsi l'activité de banque d'investissement dont le chiffre d'affaires a bondi de 17% à 1,80 milliard de dollars.

La division de prêts et de prises de participations dans les grandes entreprises se porte également bien: Son chiffre d'affaires a augmenté de 35% à 1,88 milliard de dollars.

Chez Morgan Stanley, qui avait failli déposer le bilan au moment de la crise financière, la priorité donnée à la gestion des grosses fortunes paie.

Celle-ci a généré 4,22 milliards de dollars de recettes, en hausse de 46%, pour un bénéfice opérationnel de 1,1 milliard (+24%). Pour accentuer son avantage, la firme veut proposer des prêts à ses clients les plus riches et veut faire des économies en automatisant la gestion des comptes les moins bien garnis.

Comme depuis le début de l'année, le courtage est à la peine.

Le courtage des matières premières, devises et autres produits liés aux taux d'intérêt (FICC ou Fixed Income), a accusé un plongeon de 26% de ses recettes chez Goldman Sachs, dont c'est pourtant la force traditionnelle.

C'est toutefois beaucoup moins que la chute de 40% enregistrée au deuxième trimestre, qui avait alarmé les milieux financiers. La firme se retrouve dans les mêmes eaux que ses rivales: -21% chez Morgan Stanley, -27% chez JPMorgan et -16% chez Citigroup.

Le courtage pâtit "d'un environnement difficile marqué par de faibles niveaux de volatilité et une faible activité des clients", a expliqué Goldman Sachs.

L'indice VIX de volatilité dit "indice de la peur" est descendu le 26 juillet jusqu'à 8,84, son nadir depuis 1993, quand il avait été introduit sur les marchés. Il évoluait mardi aux alentours de 9,82.

De nombreux investisseurs ont opté pour la prudence, attendant de voir si la réforme fiscale en cours d'élaboration à Washington va aboutir.

Face à ce contexte, Goldman Sachs s'est lancée à la quête de nouvelles sources de revenus et veut en conséquence augmenter de 2 milliards de dollars les recettes générées par les activités de prêts et dépôts, dont la moitié proviendrait de Marcus, sa plateforme de prêts en ligne destinés au grand public. Elle envisage également de spéculer sur la monnaie virtuelle bitcoin, qui divise Wall Street.

Le nouvel accent mis sur les activités de prêts traduit, selon les experts, le fait que l'établissement réalise finalement, comme ses rivaux avant lui, que les activités spéculatives ne rapporteront plus autant que par le passé.

"Goldman a encore du pain sur la planche", estime Glenn Schorr chez Evercore.

afp/rp