Washington (awp/afp) - La Réserve fédérale américaine (Fed) veut demander aux banques ayant des activités dans les matières premières présentant des risques potentiellement catastrophiques pour l'environnement d'augmenter de façon considérable leurs fonds propres, a annoncé l'autorité de régulation vendredi.

Selon cette proposition règlementaire, la Fed veut que les institutions financières renforcent de quelque 4 milliards de dollars leurs besoins en capitaux propres, a précisé un représentant de la banque centrale.

Cela vise "à mieux couvrir les risques légaux, liés à leur réputation et à leur situation financière qui dérivent de ces activités, particulièrement celles pouvant conduire à une catastrophe environnementale", indique un communiqué de la Fed.

Les activités concernant les hydrocarbures sont particulièrement visées, afin d'éviter les répercussions et responsabilités légales sur de grandes institutions financières dans le cas d'une catastrophe.

Un responsable de la Fed a cité par exemple l'explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, qui avait provoqué en 2009 une des plus graves et des plus coûteuses pollutions pétrolières de l'histoire.

Ces mesures, soumises aux commentaires de la profession pour trois mois, ciblent particulièrement les banques Goldman Sachs et Morgan Stanley qui, bénéficiant d'une dérogation antérieure, ont d'importantes activités dans l'extraction, le stockage, le transport et l'échange de ces matières premières.

La nouvelle exigence de capital va sommer ces institutions d'observer un ratio de capitaux propres de 1.250% des risques liés à ces actifs énergétiques, soit l'équivalent d'un dollar pour un dollar d'investissement, a expliqué un représentant de la Fed.

Pour une autre douzaine d'établissements, moins impliqués dans l'extraction et l'exploitation de ces hydrocarbures, mais engagées dans leur commerce, l'exigence de capitaux équivaudra à une pondération de 300% des risques liés à ces matières premières.

La Fed et deux autres régulateurs, la FDIC et l'OCC, avaient déjà demandé début septembre dans un rapport au Congrès d'interdire purement et simplement que les banques d'investissements se livrent à des activités dans le domaine des matières premières. Mais un vote du Congrès est peu probable dans les mois qui viennent.

Parmi les nouvelles règles émises par la banque centrale, figure également la reclassification du cuivre comme un matériau industriel plutôt que comme un métal précieux que les banques peuvent stocker et échanger comme l'or.

La Fed réclame enfin davantage de transparence de la part des institutions détenant et gérant ces actifs énergétiques et matériaux industriels, en exigeant qu'elles publient des rapports accessibles au public sur ces activités.

afp/rp