Le numéro un mondial du luxe, qui ouvre le bal lundi des chiffres trimestriels du secteur, place haut la barre pour ses concurrents.

Malgré un environnement plus difficile, marqué par la hausse de l'euro qui freine les flux touristiques en Europe, les tempêtes en Floride et les tensions politiques avec la Corée du Nord, LVMH tourne à plein régime.

La croissance organique du groupe aux 70 marques dont Louis Vuitton, Fendi, Bulgari ou Moët & Chandon, s'est maintenue à 12% au troisième trimestre, comme au premier semestre, dépassant largement les 9% du consensus Inquiry Financial.

Celle de la stratégique division mode-maroquinerie qui loge Louis Vuitton (le malletier compte pour plus de la moitié du résultat opérationnel du groupe) a elle aussi dépassé toutes les prévisions malgré des comparatifs plus difficiles.

Elle est ressortie à 13% au troisième trimestre, après 14% au premier semestre, au lieu des 9% attendus.

Le malletier, dont les ventes sont estimées à plus de 8,0 milliards d'euros et qui vient de lancer sa première montre connectée, profite à plein du rebond de la demande chinoise depuis le second semestre 2016 et récolte les fruits d'une stratégie payante.

Dans un marché tiré par les classes moyennes-supérieures des pays émergents, Vuitton anime son offre par de nombreuses innovations et par une très large gamme de sacs et de petite maroquinerie à des prix plus accessibles.

"CONTRAINTES D'APPROVISIONNEMENT"

Toutes les divisions ont signé une croissance à deux chiffres, à l'exception notable des vins et spiritueux (Moët & Chandon, Dom Perignon, Hennessy), deuxième division la plus rentable du groupe.

La croissance organique y est tombée à 4% au 3e trimestre, freinée par un recul des volumes dans le cognac lié à des contraintes d'approvisionnement de Hennessy pour les bouteilles de type "VS (catégorie la moins chère d'eaux-de-vies jeunes) très prisées sur le marché nord-américain.

Ailleurs, les tendances se sont accélérées dans les parfums et cosmétiques (Dior, Guerlain, Givenchy), avec un bond en avant de 17%, et sont restées très solides (+14%) dans les montres et la joaillerie (Bulgari, Tag Heuer, Hublot).

Dans la distribution sélective (+14%), la marche en avant de la chaîne de parfumeries Sephora, devenue la deuxième marque du groupe par la taille avec des ventes estimées à environ sept milliards d'euros, reste toujours porteuse.

En Bourse, le titre LVMH s'adjuge 27% depuis le début de l'année, après un gain de 25% en 2016 et se traite sur des multiples de valorisations de 21,9 fois les bénéfices estimés pour 2018, contre 22,8 fois pour le suisse Richemont.

Le groupe compte, avec une poignée de concurrents comme Kering ou Moncler, parmi les rares du secteur à enregistrer une croissance à deux chiffres.

"LVMH mérite une prime plus élevée, compte tenu de ses performances par rapport au secteur, de la résistance de Louis Vuitton et du potentiel de marques comme Bulgari, Sephora ou Fendi", estiment les analystes de Bernstein.

Dans un communiqué, LVMH indique qu'il "continuera de faire preuve de vigilance dans un contexte géopolitique et monétaire incertain", tout en disant compter "renforcer encore en 2017 son avance sur le marché mondial du luxe".

Plus de détails sont attendus lors d'une conférence téléphonique avec les analystes à 15h00 mardi.

Pour le 4e trimestre, les comparatifs s'annoncent encore plus difficiles, le groupe ayant vu sa croissance organique atteindre 8% à la fin de l'an dernier.

Au total, les ventes ont atteint 30,09 milliards d'euros sur les neuf premiers mois de l'exercice, signant une croissance de 14% tenant compte de l'intégration de la maison de couture Christian Dior et du bagagiste Rimowa.

Les chiffres de Kering seront publiés le 24 octobre, ceux d'Hermes le 8 novembre, ceux de Richemont et Burberry le 10 du même mois.

Le communiqué: http://bit.ly/2y6rD0Y

(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis