Par David Jones

Nestlé devrait rétrograder au troisième rang des chocolatiers derrière Mars-Wrigley et Kraft-Cadbury, un rang peu courant pour le groupe qui occupe les deux premières places dans ses marchés clés.

Un rachat de Hershey remettrait le groupe de Vevey au sommet mais aussi longtemps que la fondation Hershey Trust contrôle 80% des droits de vote, elle bloque de fait toute velléité hostile. Les analystes estiment toutefois que les obstacles pour une acquisition ou une coentreprise vont s'amoindrir.

Ils jugent que le marché américain, le principal pour Hershey, va devenir encore plus concurrentiel et que Hershey, un pur confiseur, est plus exposé aux matières premières que les groupes diversifiés.

"Nous pensons qu'un accord est possible autour de 10 à 11 milliards de dollars, plus 2 milliards de dettes", observe Deborah Aitken, analyste chez Bryan Garnier.

Le prix pour Hershey équivaudrait à un multiple de 14 fois l'excédent brut d'exploitation (EBITDA), contre 13 fois pour l'accord entre Kraft et Cadbury, a-t-elle ajouté.

Le fait que Hershey ait activement cherché à financer une offre sur Cadbury, mais sans succès, a également suscité des interrogations sur son avenir puisque le marché américain, qui représente 85% de ses ventes, va faire l'objet d'une offensive en règle par Kraft avec les produits de Cadbury.

"Nous nous demandons si les investisseurs vont se mettre à considérer Hershey comme un vendeur potentiel, plus que comme un acheteur", a souligné Andrew Lazar, analyste chez Barclays Capital.

PARFAITEMENT COMPLÉMENTAIRE

Nestlé ne manque pas de ressources après la vente de sa participation majoritaire dans Alcon pour 28 milliards de dollars, même s'il privilégie dans l'immédiat des rachats de titres et des petites acquisitions de complément.

Nestlé avait annoncé l'acquisition des pizzas surgelées de Kraft en Amérique du Nord pour 3,7 milliards au lendemain de l'accord avec Novartis pour Alcon. C'est à cette occasion qu'il avait clairement rappelé qu'il n'était pas intéressé par Cadbury.

Les activités de confiserie de Nestlé signent des ventes annuelles de 12,4 milliards de francs, soit 11% du chiffre d'affaires total du groupe.

Dans l'univers du chocolat, Hershey représente une cible qui ne poserait pas de gros problèmes de concurrence à Nestlé, avec comme avantage de faire venir en son giron les droits américains de certaines marques comme KitKat.

Cette particularité provient du rachat en 1988 du britannique Rowntree qui avait déjà cédé les droits américains pour KitKat et Rolo à Hershey et le retour de ces marques au sein de Nestlé doperait ses activités dans la confiserie.

"Nous jugeons que Hershey s'inscrirait superbement dans le portefeuille de Nestlé, pouvant booster les parts de marchés dans le chocolat à des niveaux concurrentiels aux Etats-Unis", a ajouté Aitken.

En 2002, des rumeurs avaient déjà évoqué une première approche de Nestlé pour l'acquisition de Hershey, mentionnant un début de négociations que Nestlé n'avait jamais confirmé.

Avec Emma Thomasson, version française Pascal Schmuck