Le groupe industriel français, recentré sur les équipements ferroviaires après la cession de ses activités d'énergie à General Electric, a déjà publiquement manifesté son intérêt pour la signalisation de l'équipementier d'aérospatiale et de défense Thales.

Après le rapprochement des activités transport de GE et d'Alstom et le rachat du spécialiste italien de la signalisation ferroviaire Ansaldo STS par le japonais Hitachi, la consolidation du secteur devrait se poursuivre, estiment les analystes.

"Nous voulons booster notre stratégie par des acquisitions", a dit Henri Poupart-Lafarge lors d'une journée analystes à Villeurbanne (Rhône), précisant que le groupe avait les capacités financières de ses ambitions.

"Ce n'est pas un élément requis de la stratégie, mais cela serait un accélérateur et, dans certains cas, une manière de changer de niveau de jeu", a ajouté le dirigeant, qui a succédé fin janvier à Patrick Kron à la tête du nouvel Alstom.

Henri Poupart-Lafarge a toutefois précisé qu'aucune acquisition n'était en préparation dans l'immédiat et que le groupe comptait surtout sur sa croissance organique, attendue à un rythme annuel de 5% d'ici 2020.

Alstom a précisé mardi soir viser une marge opérationnelle ajustée d'environ 7% en 2020, soit une amélioration de deux points par rapport au premier semestre 2015-2016.

Le groupe, dont Bouygues détient 29%, publiera le 11 mai ses résultats pour l'exercice complet, qui se termine le 31 mars.

CAPACITÉS "ADAPTÉES" EN EUROPE

L'action, sortie du CAC 40 le 21 mars, s'adjugeait 4,02% à 23,975 euros vers 13h30. Le titre a perdu 15% depuis le début de l'année, quasiment cinq fois plus que l'indice SBF 120, mais les analystes jugent ce groupe désormais "pure player" sous-évalué en Bourse.

Alstom devrait bénéficier de grands projets comme les chemins de fer en Afrique du Sud, le plus gros projet de l'histoire du groupe qui a fait l'objet d'un contrat de quatre milliards d'euros en 2013, une commande de 800 locomotives en Inde annoncée en novembre 2015 ou le futur réseau du Grand Paris Express.

Le groupe veut continuer à se développer à l'international et précise que ses capacités en Europe, qui restera son premier marché, seront "adaptées en fonction de la charge". Dans un entretien aux Echos, Henri Poupart-Lafarge donne en exemple la baisse du rythme de production du site de Reichsoffen (Alsace) après l'été, qui entraînera le départ d'intérimaires.

La moitié du carnet de commandes d'Alstom au 30 septembre 2015 provient d'Europe, contre 31% dans la région Moyen-Orient-Afrique, 12% en Amérique et 7% en Asie-Pacifique.

Alstom, dont les principaux rivaux sont le canadien Bombardier et l'allemand Siemens, fait également face à la concurrence de groupes chinois (CRRC), sud-coréens ou russes et, en Europe, de sociétés comme l'espagnole CAF.

Le groupe, qui emploie 32.000 personnes dans 60 pays, a réalisé un chiffre d'affaires de 6,2 milliards d'euros lors de l'exercice 2014-2015.

D'ici 2020, Alstom portera de 47% à 60% la part de ses ventes dans la signalisation, les systèmes et les services ferroviaires, aux marges plus élevées que les trains du groupe, surtout connu en France pour le TGV.

(Edité par Benjamin Mallet)

par Cyril Altmeyer