Herisau (awp) - Le groupe Huber+Suhner a terminé le premier semestre sur un bénéfice net de 23,9 mio CHF, en recul de 27,5%, malgré une hausse substantielle des ventes en rythme annuel. Dans son communiqué, le spécialiste de la connectique appenzellois évoque un début d'exercice mitigé et explique cette contre-performance notamment par des investissements élevés et un mix de produits défavorable.

Les entrées de commandes entre janvier et juin affichent une croissance de 9,5% à 425,1 mio CHF et le chiffre d'affaires net a atteint 410,7 mio (+7,7%), dopé par les bons résultats de la région Asie-Pacifique qui représente à elle seule plus du tiers des ventes du groupe (39%), précise le communiqué.

Le résultat avant intérêts et impôts (Ebit) s'est en revanche étiolé de 21,8% à 32,8 mio CHF, pour une marge afférente de 8,0%, en recul de trois points de pourcentage (pp), mais toujours dans la fourchette de 8-10% visée à moyen terme, que la direction avait relevée pas plus tard qu'en mars.

La copie rendue par Huber+Suhner dépasse toutes les attentes en termes de commandes et de ventes. Pour ce qui est de la rentabilité en revanche, aussi bien opérationnelle que nette, les résultats sont inférieurs aux prévisions les plus pessimistes des analystes interrogés par AWP.

PERFORMANCE MITIGÉE

La plus forte croissance a été observée dans le marché de la communication (+14,7%), porté par d'importants projets d'infrastructure en Asie ainsi que par la poussée des centres de données. En revanche, dans le marché des transports (-4,2%), la contraction du segment ferroviaire n'a pu être que partiellement compensée par la hausse des ventes dans le secteur automobile.

"Notre croissance est à mettre sur le compte essentiellement de grands projets dont les marges sont inférieures", a résumé en conférence de presse le directeur général (CEO) Urs Ryffel, ajoutant que la pression sur les marges va sans doute se poursuivre.

La division Haute fréquence a vu ses entrées de commandes progresser de 8,9% à 123,1 mio CHF, et ses recettes de 7,0% à 118,1 mio. La performance a été soutenue par la demande du secteur aéronautique et militaire. Selon le patron du groupe, la connectique à haute fréquence a un avenir prometteur avec l'avènement annoncé des voitures autonomes.

Le chiffre d'affaires réalisé par la division Fibre optique a bondi de 18,2% pour s'établir à 186,4 mio CHF, grâce notamment au développement des réseaux de téléphonie au standard 4G/LTE dans les pays émergents. En revanche, la pression sur les prix sur les grands projets a plombé l'Ebit de plus d'un quart (-28,1%).

La division Basse fréquence est restée tout juste dans le vert, malgré une baisse de 6,2% de son chiffre d'affaires, à 106,2 mio CHF. Le marché ferroviaire chinois a permis de sauver la mise, alors que la rentabilité des activités de systèmes câblés en Europe reste "insuffisante", selon l'entreprise de Herisau.

Le CEO estime toutefois que la division a passé le creux de la vague. "Le pire est derrière nous", a-t-il confié à AWP en marge de la conférence, soulignant le regain de demande en provenance de la Chine, ainsi que les mesures d'ajustement structurel déjà entreprises.

RALENTISSEMENT EN VUE

Pour la suite des opérations, la direction anticipe un ralentissement de la marche des affaires, après un premier semestre "très dynamique" au niveau des recettes. Pour l'ensemble de l'exercice, elle vise un croissance du chiffre d'affaires de "près de 5%" à taux de change constants, pour une marge Ebit située dans le bas de fourchette visée à moyen terme.

Dans leurs commentaires, les analystes saluent la robustesse des commandes et des ventes, mais s'émeuvent de la faiblesse de la marge Ebit, en particulier dans la fibre optique. L'érosion de la rentabilité s'observe dans les trois divisions et la pression sur les prix atténue le bond inespéré des ventes, fait remarquer la Banque cantonale de Zurich (ZKB).

L'analyste de la ZKB annonce une révision à la baisse de ses estimations de bénéfice. Ses confrères d'UBS et de Baader Helvea comptent faire de même, alors que Vontobel est d'ores et déjà en train d'examiner sa note "buy" et l'objectif de cours à 73 CHF.

A la Bourse SIX, le titre a subi dès les premiers échanges le mécontentement des investisseurs. La nominative Huber+Suhner a terminé en repli de 9,6% à 60,55 CHF, alors que le marché dans son ensemble (SPI) a fini en hausse de 0,94%.

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