Zurich (awp) - Idorsia a bouclé son premier exercice partiel en tant que société indépendante - soit sur six mois et demi - avec un déficit moindre qu'escompté. La toute jeune société biopharmaceutique, héritière de l'incubateur de produits et des cerveaux d'Actelion, prévoit toutefois d'accélérer la cadence de ses investissements dans la recherche sur l'année en cours et confirme ses ambitions à court comme à moyen terme.

La direction entend ainsi lancer quatre études cliniques de phase III dans le courant de cette année, dont trois sur le premier semestre. L'objectif à plus longue échéance demeure l'arrivée sur le marché de trois médicaments d'ici cinq ans.

Les dépenses opérationnelles doivent conséquemment enfler à 390 mio CHF en 2018 contre 150 mio l'an dernier, dont 123 mio pour la recherche et le développement, indique mardi le compte-rendu d'activités.

Outre l'aprocitentan, Idorsia prévoit d'introduire en phase III ses traitements expérimentaux ACZ-541468 contre l'insomnie, clazosentan contre le vasospasme associé à un anévrisme cérébral (aSAH) et pour lequel une procédure d'homologation doit parvenir à terme en fin d'année au Japon, ainsi que lucerastat contre la maladie de Fabry.

Le fondateur, président exécutif et actionnaire de référence d'Idorsia Jean-Paul Clozel a jugé en entretien avec AWP prématuré d'évoquer la question de la rentabilité. "Mieux nos projets se portent, plus ils consomment de financement" a résumé l'ancien timonier d'Actelion.

COUSSIN CONSÉQUENT DE LIQUIDITÉS

Sur l'exercice 2017, les revenus du laboratoire biotechnologique - exclusivement générés au cours du quatrième partiel - se sont élevés à 158 mio. Le déficit d'exploitation s'est établi à 8 mio. La perte par action de base s'est élevée à 13 centimes. Les quelques mois d'existence d'Idorsia ne permettent pas de disposer d'une base de comparaison.

L'équilibre a été allègrement franchi sur le seul dernier trimestre, avec un gain opérationnel de 71 mio et un bénéfice net de 68 mio CHF.

Les revenus générés par les activités de recherche, ainsi que les partenariats conclus avec Janssen Biotech et Roche, s'inscrivent marginalement en deçà des projections des analystes consultés par AWP, qui articulaient en moyenne 160 mio CHF. La performance opérationnelle en revanche s'est avérée nettement meilleurs qu'anticipé.

La société bâloise disposait fin décembre d'une confortable réserve de liquidités et équivalents de 1,09 mrd CHF, contre 952 mio trois mois plus tôt. Son timonier a renvoyé la question d'un éventuel refinancement aux calendes grecques, soulignant par ailleurs disposer de plusieurs options le cas échéant, entre partenariats et augmentation de capital notamment.

L'exercice par Janssen Biotech de son option sur le développement et la commercialisation du traitement expérimental contre l'hypertension persistante, l'aprocitentan (ACT-132577), dont l'introduction en phase III est annoncée pour bientôt, a notamment permis à Idorsia d'inscrire un gain de 160 mio USD, sur un total échelonné de 230 mio USD.

La collaboration conclue en décembre avec Roche dans le domaine de l'immunothérapie oncologique a dans l'immédiat rapporté 15 mio CHF et la feuille de route comprend jusqu'à 410 mio en versements initial et d'étapes.

UNE DIRECTION IMPLIQUÉE

Issue de l'ingestion mi-juin d'Actelion par l'américain Johnson & Johnson, via sa filiale helvétique Janssen Holding pour quelque 30 mrd CHF, Idorsia est dirigée le Français Jean-Paul Clozel qui dispose avec son épouse Martine Clozel de plus d'un quart du capital-actions.

Johnson & Johnson constitue via sa filiale Cilag l'autre actionnaire de référence, par le biais d'un prêt convertible de 580 mio CHF en plus d'une facilité de crédit de 243 mio. Cilag a déjà converti un première tranche de 135 mio en près de 10% du capital d'Idorsia et dispose d'une participation potentielle d'au maximum 32%.

La combustion de liquidités sur l'exercice partiel écoulé est demeurée en deçà du plafond fixé par la direction comme des projections de Vontobel. La banque privée ne s'inquiète pas outre-mesure de l'accélération prévue de l'utilisation de ces réserves, au vu du nombre de substances devant être introduite en études cliniques de phase III.

L'issue de la procédure d'homologation du clazosentan au pays du Soleil levant sera suivie de près par l'établissement zurichois, à la recherche d'indications sur la date de commercialisation du premier produit d'Idorsia.

Morgan Stanley salue de son côté la rentabilité opérationnelle sur les trois derniers mois de l'année, comme la discipline observée par la direction en matière de consomption de ses importantes réserves de financements.

A la Bourse, l'action Idorsia a fini en hausse de 4,45% à 25,84 CHF, dans un SPI en recul de 2,67%.

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