Quatre ans après le lancement de son offre de téléphonie mobile réussi en France, Iliad chercherait-il à dupliquer son modèle sur d'autres marchés européens ? Selon le Financial Times, la maison-mère de l'opérateur Free aurait approché le régulateur britannique des télécoms et fait part de son intérêt pour une implantation dans ce pays. Contacté par AOF, Iliad n'a pas souhaité commenter l'information. "Une telle opération aurait du sens si Iliad est en quête de croissance externe pour poursuivre son développement", a commenté pour AOF Thomas Coudry, analyste télécom chez Bryan Garnier.

Ce dernier rappelle justement que Xavier Niel, patron et propriétaire d'Iliad, a déjà montré qu'il était à l'affut d'opportunités à l'extérieur de l'Hexagone : en 2014, il avait déposé deux offres d'achat de T-Mobile US, filiale américaine de Deutsche Telekom.

L'enjeu pour Free serait effectivement d'accélérer le développement de sa base de clients mobiles en dehors d'un marché français en cours de consolidation. En effet, avec le rapprochement probable entre Bouygues Telecom et Orange, le marché n'offrira plus d'opportunités de croissance par acquisitions. De plus, si la consolidation était menée à bien, Iliad se retrouverait face au géant Bouygues Telecom/Orange d'un côté et Numericable-SFR de l'autre.

Dans ce contexte, la question est de savoir quel rôle jouera Iliad dans le rapprochement entre Bouygues et Orange. En effet, l'autorité de la concurrence pourrait contraindre les deux partenaires à céder des actifs pour mener à bien l'opération. Le groupe de Xavier Niel pourrait donc être sollicité pour racheter des actifs. Dans ce cas, il pourrait être compliqué pour lui de mener de front l'intégration de ces structures en France et celle d'actifs au Royaume-Uni.

Reste que le marché britannique offre actuellement des opportunités que pourrait saisir Iliad. En effet, comme en France, les opérateurs du royaume se rapprochent : l'opérateur Three, quatrième opérateur mobile au Royaume-Uni, est en train d'acquérir le deuxième opérateur, O2.

Cette opération fait actuellement l'objet d'une enquête de la Commission européenne afin de s'assurer qu'elle ne nuirait pas à la concurrence sur le marché britannique. Si elle décide d'autoriser le rapprochement, la Commission pourrait là aussi demander aux deux opérateurs de céder des actifs, qui pourraient alors intéresser Xavier Niel.

"Au Royaume-Uni, Iliad pourrait se retrouver en concurrence avec Sky et TalkTalk pour récupérer des actifs télécoms. Il y a donc le risque d'une inflation du prix de ces actifs et Iliad pourrait être contraint de payer très cher", prévient tout de même Frédéric Ichay, avocat associé chez Pinsent Masons.