Paris (awp/afp) - Iliad, la maison mère de l'opérateur Free, a dévoilé mardi un accord avec le russe Vimpelcom et le hongkongais Hutchison qui pourrait lui permettre de faire son entrée sur le marché italien en y devenant le quatrième opérateur mobile.

En acquérant des antennes et fréquences auprès de Hutchison et Vimpelcom, Iliad pourrait leur permettre d'obtenir le feu vert des autorités européennes de la Concurrence à la fusion de leurs filiales mobiles respectives dans la péninsule, H3G et Wind.

Il s'agit "d'une opportunité unique pour le groupe Iliad d'entrer sur le marché italien des télécommunications, qui accélère sa transition" numérique, s'est félicitée la maison mère de Free.

Iliad pourrait ainsi "proposer des services mobiles compétitifs et de devenir le quatrième opérateur de réseau mobile disposant d'une couverture nationale", a souligné le groupe, soulignant que cet accord reste "soumis à l'approbation de la Commission Européenne ainsi qu'à l'autorisation par la Commission Européenne de la fusion H3G/Wind".

Wind est actuellement le troisième opérateur italien de téléphonie mobile et H3G, qui offre des services de télécommunications mobiles sous la marque "3 Italia" le quatrième.

Leur fusion doit donner naissance au premier opérateur italien en termes d'abonnés, suivi de deux opérateurs de réseaux mobiles de taille semblable, Tim(Telecom Italia) et Vodafone.

Or le 30 mars, la Commission européenne avait indiqué avoir ouvert une enquête approfondie afin de déterminer si le projet de fusion était conforme au règlement de l'Union européenne (UE) sur les concentrations. Elle avait souligné craindre que l'opération n'entraîne une hausse des prix, une réduction du choix et une diminution de l'innovation pour les clients de téléphonie mobile en Italie.

La Commission soulignait qu'une telle opération allait réduire le nombre d'acteurs de quatre à trois. La cession de certains actifs était donc la condition posée par l'autorité de la concurrence européenne pour donner son accord à la fusion entre 3 et Wind afin de permettre l'émergence d'un quatrième opérateur mobile avec des infrastructures.

Alors que la Commission a bloqué la fusion entre Telia et Sonera au Danemark et entre O2 et H3G en Grande-Bretagne, Wing et H3G en Italie ont, selon la presse italienne, cherché à travailler en intelligence avec les autorités européennes pour trouver un cadre garantissant le succès de l'opération.

- Un pied en Italie sans investissement massif -

En Italie, outre les quatre précédemment cités, un certain nombre d'opérateurs de réseaux virtuels mobiles, tels que Fastweb et PosteMobile, sont actuellement présents sur le marché. Fastweb, filiale de Swisscom, était d'ailleurs sur les rangs pour racheter des actifs aux deux opérateurs désirant fusionner, selon les journaux italiens.

Grâce à cet accord avec Hutchison et Vimpelcom, Iliad pourrait se lancer sur le marché italien sans investir massivement dès le début dans la construction d'un réseau propre. Cet accord donne en effet lieu à un transfert d'un portefeuille de fréquences 3G et 4G "pour un montant de 450 millions d'euros dont le paiement est étalé entre 2017 et 2019", a précisé Iliad.

Le groupe a aussi obtenu l'engagement d'acquérir plusieurs milliers de sites en zones denses proposés par Wind/H3G ou loués à des tiers. Pour les zones rurales, il prévoit soit un accord de partage de réseau avec Wind/H3G, soit d'acquérir sur cette zone plusieurs milliers de sites auprès de Wind/H3G ou à des tiers.

Enfin Iliad a décroché "un accord d'itinérance 2G, 3G et 4G sur le réseau fusionné pour une période de 5 ans renouvelable à l'initiative d'Iliad une fois pour la même durée".

Autant en termes d'offres commerciales que de qualité du réseau, l'Italie est en retard, en particulier dans le très haut débit fixe et mobile. L'arrivée d'Iliad devrait donc - s'il agit comme il l'a fait en France - bouleverser le secteur.

Par ailleurs Iliad a précisé que son principal actionnaire Xavier Niel allait se désengager complètement de Telecom Italia, dont il détient "moins de 25 millions d'euros" d'actions à titre personnel, a précisé le groupe.

Cette nouvelle tentative d'internationalisation, vient après un échec aux Etats-Unis, où le groupe avait renoncé en 2014 à acheter T-mobile US après plusieurs mois de négociations.

afp/al