PARIS (awp/afp) - Un mouvement de concentration du marché européen de la téléphonie mobile a démarré en 2012, année de l'arrivée en France d'un quatrième opérateur, Free.

Allemagne

La consolidation dans le pays le plus peuplé de l'UE (82 millions d'habitants) est souvent présentée comme le coup d'envoi du mouvement général au niveau européen. A l'automne 2013, o2, filiale allemande de l'opérateur espagnol Telefonica, a lancé une offre publique d'achat (OPA) de plus de 8 milliards d'euros sur son concurrent E-plus, alors détenu par le néerlandais KPN, pour devenir numéro un du marché. L'opération a été approuvée par la Commission européenne en juin 2014 malgré les réticences allemandes. Selon l'Agence allemande des fréquences, le nouvel ensemble, resté sous le nom d'E-plus, représente 38% de part de marché devant Deutsche Telekom (35%), l'opérateur historique, et Vodafone (27%).

Autriche

C'est en fait le petit pays alpin de 8,5 millions d'habitants qui a ouvert le bal de la concentration. En 2012, l'Autriche passait de quatre à trois opérateurs. Une opération réalisée par le groupe de télécoms hongkongais Hutchison Whampoa, en rachetant la filiale locale d'Orange pour 1,3 milliard d'euros. Parmi les contreparties imposées par la Commission européenne, Hutchison Whampoa avait obligation de céder une partie de ses fréquences à un nouvel entrant, afin de maintenir le marché à quatre opérateurs. Mais l'absence de candidat a entraîné une consolidation, de facto, du marché, et une remontée des prix des abonnements pour les consommateurs autrichiens.

Danemark

Le Danemark, avec 5,6 millions d'habitants, compte toujours quatre opérateurs: l'historique TDC, qui domine le marché, les filiales danoises des opérateurs norvégien et finno-suédois Telenor et TeliaSonera et 3, filiale de Hutchison Whampoa.

En 2015, Telenor et TeliaSonera, numéro deux et trois du marché, on tenté une fusion, opération qui aurait permis au nouvel ensemble de devenir numéro un devant TDC mais finalement bloquée par la Commission européenne afin de garantir la concurrence. Depuis, les deux entreprises tentent de redéfinir leur stratégie dans le pays.

Espagne

C'est la dernière opération en date au niveau européen, en attendant la conclusion de celles en cours au Royaume-Uni. En août 2015, Orange rachetait Jazztel pour 3,35 milliards d'euros. Mais la consolidation avait débuté un an plus tôt, avec le rachat du câblo-opérateur Ono par Vodafone pour 7,2 milliards d'euros, entérinant un rapprochement entre opérateurs du câble et du mobile. En mai 2015, Movistar, numéro un national avec 55% de parts de marché et opérateur historique, s'est offert Canal+ Espagne pour 725 millions d'euros. Le pays de 46 millions d'habitants compte aujourd'hui quatre opérateurs, Movistar, Vodafone, Orange et Yoigo, propriété à plus de 75% de TeliaSonera.

Irlande

Sur l'île Verte, la consolidation s'est produite dans le même mouvement qu'en Allemagne, avec le rachat par 3 (Hutchison Whampoa) de o2 (Telefonica) pour 850 millions d'euros, permettant le passage de quatre à trois opérateurs. Seule contrepartie imposée par la Commission européenne au nouvel ensemble: mettre à disposition de deux opérateurs virtuels 30% de la capacité de son réseau, ce qui devait permettre l'émergence d'opérateurs virtuels suffisamment gros pour concurrencer les opérateurs possédant leur propre réseau. Le marché irlandais (4,6 millions d'habitants) se partage désormais entre Vodafone, numéro un devant 3 et Meteor, propriété d'Eircom, l'opérateur historique.

Royaume-Uni

Le Royaume-Uni, dont la population de plus de 64 millions d'habitants est presque égale à celle de la France, pourrait prochainement passer de quatre à trois opérateurs. Hutchison Whampoa, propriétaire de l'opérateur 3, y a offert d'acheter o2 (Telefonica), sur le modèle irlandais. Une opération de 14 milliards d'euros qui verrait le numéro deux et le numéro quatre du marché fusionner pour devenir numéro un devant l'actuel leader, EE.

Ce dernier, jusqu'ici propriété à parts égales d'Orange et Deutsche Telekom, a d'ailleurs fait l'objet d'un rachat par le britannique BT Group, l'opérateur historique qui était absent de la téléphonie mobile, pour environ 16 milliards d'euros.

Le rapprochement entre 3 et o2 reste cependant suspendu à la décision des régulateurs, la Commission européenne ayant ouvert une enquête approfondie en octobre alors que l'Ofcom, le régulateur britannique des télécoms, a dit craindre un affaiblissement de la concurrence en cas de passage à trois. L'Ofcom pourrait envisager, parmi les contreparties imposées à l'opération, la revente d'une partie des fréquences d'o2 à un nouvel entrant. Le Français Iliad, maison-mère de Free, n'a pas caché avoir été approché.

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