(Actualisation: contexte en France et aux Etats-Unis, réaction en Bourse).

Le groupe français de télécommunications Iliad (>> ILIAD) a annoncé lundi qu'il renonçait à acquérir T-Mobile US (>> T-Mobile Us Inc), le quatrième opérateur mobile américain, filiale de Deutsche Telekom (>> Deutsche Technologie Beteiligungen AG). Cette décision intervient "après des échanges avec Deutsche Telekom et certains représentants du conseil d'administration de T-Mobile US refusant de donner suite à sa nouvelle offre", a indiqué le groupe dans un communiqué.

En juillet, Iliad a déposé une offre d'achat inattendue d'un montant de 15 milliards de dollars sur 56,6% du capital de T-Mobile US, à 33 dollars par action, mais Deutsche Telekom n'avait alors pas manifesté d'intérêt pour cette proposition.

T-Mobile, dont l'excédent brut d'exploitation a progressé de 22% au deuxième trimestre, est l'un des seuls actifs en croissance de Deutsche Telekom. Le directeur financier de T-Mobile, Braxton Carter, a déclaré en août que l'offre déposée en juillet par Iliad était "très flatteuse" mais constituait une "proposition très inadéquate en termes de valeur".

"A la suite de ce rejet, Iliad a mis en place un consortium avec deux fonds de private equity de premier plan et des grandes banques internationales permettant d'améliorer significativement les termes de son offre en accroissant le montant en numéraire et en augmentant la part du capital de T-Mobile US acquise de 56,6% à 67%", a commenté lundi l'opérateur dans son communiqué. Cette nouvelle offre, à environ 36 dollars par action, comprenant la composante en numéraire et la quote-part de la création de valeur, "se serait inscrite dans le cadre de la politique financière du groupe Iliad en termes d'endettement et de dilution", a souligné le groupe français.

Le groupe français avait prévenu qu'il ne ferait pas d'offre qui ferait monter sa dette à un niveau "inconsidéré", soit à plus de 4,5 fois l'excédent brut d'exploitation.

Poursuivre une "politique de croissance rentable"

Iliad a indiqué qu'il comptait poursuivre sa "politique de croissance rentable telle que menée depuis 15 ans".

La décision d'Iliad pourrait avoir des répercussions importantes de part et d'autre de l'Atlantique. Aux Etats-Unis, T-Mobile US, le plus petit des opérateurs mobiles nationaux, a pour l'heure perdu un partenaire de fusion potentiel alors que depuis dix mois, les investisseurs s'attendaient à ce qu'une forme de rapprochement intervienne. Voilà deux mois, l'opérateur mobile Sprint (S), candidat de longue date à l'acquisition de T-Mobile US, a décidé d'abandonner son projet de fusion avec son compatriote à la suite des pressions exercées par les régulateurs américains.

Certains analystes craignent que T-Mobile US, qui depuis le début 2013 a gagné plus de 4 millions d'abonnés au forfait, ne parvienne pas à poursuivre son rythme de croissance actuel alors que des rivaux comme Verizon Communications et AT&T disposent de moyens plus importants pour financer le déploiement de coûteux réseaux.

En France, la décision d'Iliad pourrait provoquer de nouveaux pourparlers de consolidation. Tout comme Iliad, Orange, Bouygues Telecom et SFR se livrent à une brutale guerre des prix qui pèse sur leur marge bénéficiaire et leur capacité à développer des réseaux de télécommunications plus modernes.

A Wall Street, vers 21h00, l'action T-Mobile US cèdait 2,2% à 27 dollars.

Depuis le dépôt de l'offre initiale d'Iliad, le groupe français a perdu un quart de sa valeur en Bourse. L'action Iliad a terminé la séance de lundi à 156,15 euros.

-Eric Chalmet, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 65; eric.chalmet@wsj.com

(David Gauthier-Villars et Thomas Gryta ont contribué à cet article).

 

Valeurs citées dans l'article : ILIAD, Deutsche Technologie Beteiligungen AG, T-Mobile Us Inc