Paul J. Davies,

THE WALL STREET JOURNAL

Examiner une situation donnée sous un angle différent des autres est une stratégie qui peut se révéler payante.

Les banques européennes traversent une période mouvementée à l'approche des résultats des tests de résistance de la Banque centrale européenne (BCE), qui doit publier ses conclusions dimanche. Les établissements grecs et portugais, ainsi que quelques banques italiennes et espagnoles, sont particulièrement affectés.

Cette situation est compréhensible compte tenu des craintes entourant la solidité financière des banques européennes. Personne ne souhaite être actionnaire d'un établissement qui a besoin de capitaux frais.

Cependant, ces inquiétudes pourraient avoir fait trop de victimes et il semble raisonnable d'anticiper une forte hausse du cours de Bourse de certaines banques mal-aimées mais robustes une fois levées les incertitudes liées aux "stress tests".

Les progrès réalisés ne sont pas mis en avant

Des banques comme ING (>> ING GROEP), Crédit Agricole SA (>> CREDIT AGRICOLE) ou même BNP Paribas (>> BNP PARIBAS) ne sont pas valorisées à la hauteur de leur redressement et des importants bénéfices réalisés grâce à des actifs autrefois toxiques. Elles ne sont pas non plus traitées comme des établissements en situation précaire ou pénalisés par la possibilité de se voir infliger de lourdes amendes réglementaires.

ING a assaini son bilan, cédé ses activités d'assurance et réduit ses coûts de financement. Crédit Agricole a nettement amélioré sa situation de fonds propres, en grande partie grâce aux placements judicieux réalisés par sa branche d'assurances. BNP Paribas doit encore résoudre les problèmes posés par son interdiction de réaliser des opérations de compensation en dollars, mais la banque française affiche de bonnes performances par ailleurs et devrait profiter des mesures monétaires de la BCE.

Chacune de ces trois institutions est pourtant valorisée à moins de 0,9 fois sa valeur comptable. ING et BNP Paribas affichent également un ratio cours sur bénéfices attendus d'environ 10. Crédit Agricole s'échange à 11,5 fois les bénéfices escomptés, mais à seulement 0,6 fois sa valeur comptable.

Important potentiel de rebond

Si les résultats des tests de résistance se révélent suffisammment crédibles, le cours de Bourse de ces banques pourrait en profiter. Si BNP Paribas, par exemple, disposait du même multiple de valorisation que JP Morgan (>> JPMorgan Chase & Co.), son cours de Bourse s'apprécierait de plus de 30%.

Même des banques plus fragiles, comme la portugaise Banco Comercial Português (>> B. COM. PORTUGUES) ou l'espagnole Banco Popular Español (>> Banco Popular Espanol SA) pourraient être soutenues, en cas de résultats positifs, par le dénouement des positions courtes prises à leur encontre.

Au-delà des "stress tests", l'Europe reste confrontée à une croissance économique atone et à des taux d'intérêt faibles. Il faudra donc du temps avant que le crédit et le revenu des intérêts des banques augmentent.

Il n'en demeure pas moins que si les résultats de tests de résistance dissipent les inquiétudes au sujet des fonds propres, les valeurs bancaires européennes pourraient connaître un net regain de faveur.

-Paul J. Davies, The Wall Street Journal

(Version française Patrick Ramamonjisoa)