"Innate Pharma a publié aujourd’hui ses résultats financiers pour l’année 2015. Où en êtes-vous de votre développement clinique ?
Nous avons trois produits actuellement en phase de test chez l’Homme, soit 13 essais au total. Le premier produit, Lirilumab, fait l’objet de 8 essais dont le plus avancé se situe en phase IIB dans la leucémie aigüe myéloïde. Les résultats devraient être annoncés dans le courant du second trimestre 2016. Le second, Monalizumab, fait l’objet de 5 essais en monothérapie ou en combinaison dans différentes tumeurs solides et hématologiques. Les premiers résultats sont attendus en 2017. Nous avons également démarré en décembre un essai de phase I testant la molécule IPH4102 chez des patients présentant un lymphome T cutané (LTC) en rechute ou réfractaire. Les premières données de ce troisième programme doivent être publiées fin 2017 et courant 2018. Nous sommes donc dans une phase décisive, après avoir construit notre portefeuille et noué des accords avec de grands laboratoires (Bristol Myers Squibb, AstraZeneca, Sanofi), avec des échéances importantes dès cette année et au cours des deux prochaines.

Le secteur de l’immuno-oncologie a beaucoup fait parler de lui récemment avec l’autorisation de mise sur le marché de deux nouveaux traitements, l’Opdivo de BMS et le Keytruda de Merck. Comment vous positionnez-vous dans ce secteur très disputé ?
Innate Pharma est reconnu comme l’un des pionniers de l’immunothérapie ciblée et bénéficie de fait d’une situation de leadership dans le segment des « inhibiteurs de checkpoints ». Il s’agit d’une nouvelle voie thérapeutique, différente de celle suivie par BMS et Merck avec l’Opdivo et le Keytruda. Nous ne sommes donc pas en concurrence avec eux, au contraire nous évaluons au travers de certains de nos essais les possibilités d’association entre les anti-PDL1 (Opdivo et Keytruda, ndlr) et nos molécules, afin d’augmenter l’efficacité des traitements. Aujourd’hui la concurrence s’exerce surtout au niveau des anti-PDL1, où BMS, Merck mais aussi Roche et AstraZeneca ont plusieurs programmes en cours. Nous avons choisi une voie différente mais complémentaire, comme l’illustrent nos partenariats avec certains de ces grands groupes.

En quoi consistent vos partenariats avec BMS et AstraZeneca ?
Le partenariat avec Bristol-Myers-Squibb, conclu en 2011, est un accord de licence qui porte sur le développement et la commercialisation de Lirilumab sous réserve des résultats de l’étude de phase IIB en cours. Cet accord a été structurant car il nous a donné accès à des ressources financières pour développer notre portefeuille. Début 2015 nous avons signé un accord avec AstraZeneca sur Monalizumab. Contrairement au partenariat avec BMS, nous n’avons cédé les droits sur ce produit mais sommes ‘codéveloppeur’. Cela signifie que nous partageons le risque mais aussi la valeur de long terme, avec l’objectif de commercialiser nous-mêmes ce produit sur le marché européen. Sur le plan financier l’accord prévoit des paiements pouvant atteindre 1,275 milliards de dollars et des redevances à deux chiffres sur les ventes. Il marque une étape très importante dans notre stratégie visant à créer de la valeur en tant que société indépendante et autonome.

Quand commercialiserez-vous votre premier produit ?
Nous ne donnons pas d’horizon de commercialisation avant les résultats de la phase II. Il faudra donc attendre la fin de l’année 2016 pour y voir plus clair.

Quel regard portez-vous sur la chute des valeurs biotech depuis le début de l’année, dont celle de votre titre (-20% avant la publication des résultats) ?
Malheureusement les périodes de volatilité font partie de l’histoire boursière du secteur. Compte tenu de nos fondamentaux solides (portefeuille, niveau de cash, partenariats) nous n’avons pas de raison de nous inquiéter. C’est une période désagréable pour les investisseurs, en particulier pour les nombreux actionnaires individuels qui nous suivent, mais je pense qu’il faut envisager l’investissement sur le long terme au regard du potentiel de la société. En dépit des six derniers mois le bilan boursier de la société reste très positif.

Envisagez-vous une cotation au Nasdaq à l'instar d'autres biotech françaises (DBV, Cellectis) ?
Je dirais que nous sommes un candidat naturel, du point de vue des fondamentaux, à une cotation au Nasdaq. Cependant nous ne voyons pas la nécessité d’une telle opération aujourd’hui car nous avons la flexibilité financière nécessaire pour poursuivre le développement de notre portefeuille et mener nos essais jusque fin 2017. Si les résultats de ces essais cliniques confirment la validité de notre approche, et que d’autres programmes entrent en phase clinique (ndlr : le groupe a trois molécules en phase préclinique), nous serons amenés à reconsidérer la question d’une opération américaine.

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