(Répétition sans changement d'une dépêche diffusée vendredi)

* Réunion du FOMC sur fond de hausse des anticipations d'inflation

* Le rendement des Treasuries à 10 ans a dépassé 3%

* L'exemption de l'UE sur les tarifs sur l'acier expire le 1er mai

* Les Etats-Unis débutent à peine les négociations avec la Chine

* Le PIB du T1 de la zone euro connu mercredi

par Blandine Henault

PARIS, 30 avril (Reuters) - Oscillant depuis deux mois entre les craintes inflationnistes et protectionnistes, les marchés pourraient bientôt être confrontés à une convergence de ces deux thématiques.

La réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed), mardi et mercredi, interviendra sur fond de remontée des anticipations d'inflation alimentée par la hausse des prix des matières premières, ce qui a conduit à de nouvelles tensions sur les rendements obligataires.

Parallèlement, l'exemption accordée par les Etats-Unis à l'Union européenne sur les tarifs douaniers concernant les importations d'acier et d'aluminium expire le 1er mai. Et les négociations entre la Chine et les Etats-Unis, qui se sont mutuellement menacés début avril de milliards de dollars de tarifs douaniers, ne semblent pas avoir véritablement démarré.

"Le rebond récent des Bourses, en particulier en Europe, donne l'impression que ces thématiques sont passées au second plan. Pourtant, la Chine a prévenu que des négociations bilatérales n'ont toujours pas été formellement engagées entre les deux pays", indique Tangi Le Liboux, stratège chez Aurel BGC.

Cela pourrait être le cas dans les prochains jours: une délégation américaine, emmenée par le secrétaire au Trésor, Steve Mnuchin avec le conseiller économique de la Maison blanche, Larry Kudlow, doit se rendre en Chine pour évoquer les différents commerciaux entre les deux pays.

"Nous pensons que certaines concessions seront faites et qu'en dépit des tweets ponctuels que pourrait diffuser le président américain, la situation finira par s'apaiser", veut croire Fabiana Fedeli, responsable actions fondamentales internationales chez Robeco.

Toutefois, "si toutes les négociations venaient à échouer et qu'une véritable guerre commerciale éclatait, les marchés actions subiraient un double coup dur", prévient-elle.

D'une part, les résultats des entreprises, aussi bien importatrices qu'exportatrices, pâtiraient des droits de douane. D'autre part, les pressions inflationnistes pourraient augmenter aux États-Unis, ce qui pourrait conduire à un resserrement plus rapide que prévu de la politique monétaire de la Fed.

Le risque protectionniste s'ajouterait alors aux craintes inflationnistes, "en un gros gloubiboulga indigeste pour les marchés" prévient Tangi Le Liboux.

NOUVELLES TENSIONS SUR L'OBLIGATAIRE

Mercredi, la banque centrale américaine maintiendra sans doute le statu quo sur sa décision de politique monétaire. "Il n'y a pas grand chose à attendre de cette réunion, tout le monde s'attend plutôt à ce que la Fed relève ses taux en juin puis une nouvelle fois au troisième trimestre", indique Nicolas Forest, responsable de la gestion obligataire chez Candriam.

Les responsables de la Fed pourraient néanmois dire un mot dans leur communiqué de la récente remontée des anticipations d'inflation alimentée par la hausse des prix des matières premières et en particulier du pétrole. Le baril de Brent a atteint mardi un pic à 75,47 dollars, alors qu'il cotait encore à 66 dollars au début du mois.

Aux Etats-Unis, les swaps d'inflation à cinq ans dans cinq ans, une mesure des anticipations de hausse de prix à long terme, ont ainsi renoué avec leur niveau de début février.

Cela a conduit à une remontée rapide des taux, le rendement des Treasuries à 10 ans ayant dépassé le seuil symbolique de 3% qu'il n'avait pas franchi depuis janvier 2014.

Ces nouvelles tensions sur le marché obligataire n'ont toutefois pas causé les mêmes remous sur les marchés d'actions qu'au début du mois de février.

"La valorisation des marchés d'actions était beaucoup plus élevée en février; ce nouvel épisode sur les taux intervient après plusieurs semaines difficiles sur les indices, qui ont par ailleurs été soutenus par la hausse du compartiment énergétique", explique Nicolas Forest.

"Il faut surtout surveiller la hausse continue des taux courts qui a un coût direct pour les entreprises qui émettent de la dette. Si les taux continuent de monter, les inquiétudes sur les actifs risqués devraient d'abord se faire sentir sur le marché du crédit", ajoute le gérant.

Les marchés d'actions européens sont parvenus à signer une cinquième semaine consécutive de hausse, mais Wall Street a fait moins bien, pénalisée en outre par la vigueur du dollar et la nervosité entourant les valeurs technologiques.

Si les résultats de Facebook, Amazon ou Intel ont été salués, ceux d'Alphabet, maison-mère de Google, ont été sanctionnés.

Les résultats d'Apple, attendus mardi, seront surveillés avec une grande attention après plusieurs signaux de la part des fournisseurs de la marque à la pomme sur une baisse de la demande de smartphones.

VERDICT SUR LA CROISSANCE EN ZONE EURO

Globalement, la saison des résultats aux Etats-Unis est jugée "encourageante" par les analystes de JPMorgan, qui relèvent des chiffres plus faibles en Europe et au Japon.

"La proportion de résultats meilleurs que prévu en Europe semble s'améliorer alors que nous progressons dans la saison des publications", ont néanmoins souligné les analystes de la banque américaine.

Outre les résultats, les investisseurs européens devraient se montrer très attentifs à la publication des chiffres définitifs des PMI en zone euro pour le mois d'avril.

Ces indicateurs d'activité auprès des directeurs d'achats constituent généralement des signaux fiables sur la dynamique du trimestre en cours. Or, ils ont montré récemment des signes de ralentissement.

"Dans la zone euro, les variations du PMI expliquent presque 70% de la variation des taux de croissance trimestriels du PIB", rappellent les économistes de Swiss Life AM.

L'indice PMI avait permis d'apprécier au bon moment la sévérité de la grande récession de fin 2008, de signaler la reprise amorcée au deuxième trimestre 2009 et d'anticiper correctement l'accélération synchronisée de la croissance mondiale mi-2016, ajoutent-ils.

"Son décrochage récent confirme nos pronostics d'une croissance inférieure aux prévisions du consensus dans la zone euro", indique-t-on chez Swiss Life AM.

La publication, mercredi, de la première estimation du produit intérieur brut (PIB) de la région pour le premier trimestre devrait permettre de confirmer, ou non, les craintes.

Les économistes interrogés par Reuters visent une croissance de 2,6% en rythme annuel et de 0,5% par rapport au trimestre précédent.

Pour Mario Draghi, il n'y a pas de quoi s'inquiéter outre mesure. Le président de la Banque centrale européenne (BCE) a reconnu jeudi l'essoufflement de la croissance mais l'a imputé à des éléments ponctuels.

"Globalement (...) la croissance devrait rester solide et généralisée", a-t-il assuré, reconnaissant néanmoins que les risques liés à la montée du protectionnisme avaient augmenté.

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