par Eric Auchard

FRANCFORT, 28 juillet (Reuters) - La start-up d'édition de logiciels de planification des ressources d'entreprise (ERP) Anaplan veut secouer un marché dominé par les SAP, Oracle et autres IBM avec des ventes de son service basé sur le cloud qui ont triplé chaque année au cours des trois dernières années.

Les entreprises cherchent plus de souplesse pour des applications souvent très lourdes qui traitent leurs données en masse pour élaborer aussi bien des prévisions de croissance que les objectifs des différentes équipes.

Si les grands du secteur comme SAP, Oracle avec sa division Hyperion ou IBM avec Cognos et Applix ont été contraints d'offrir des produits basés sur le cloud, ils sont restés concentrés sur les logiciels intégrés qui représentent le gros de leur chiffre d'affaires. Des nouveaux entrants plus petits ont pu ainsi se développer sur le marché en forte croissance des applications uniquement hébergées sur le cloud.

"Il y a un changement majeur en cours et Anaplan est en première ligne", a dit Paul Hamerman, analyste spécialisé sur les logiciels d'entreprise chez le consultant Forrester. "Il apparaît comme l'éditeur qui dans ce domaine enregistre la plus forte croissance et celui qui est déjà bien implanté auprès des grandes entreprises."

Anaplan est soutenu par des grands noms du cloud comme Salesforce et Workday aussi bien en tant qu'investisseurs qu'en ayant intégré leurs solutions dédiées à la vente et au marketing ainsi qu'à la gestion du personnel.

La start-up, créée en 2006 dans une ferme du nord de l'Angleterre et dirigée par le Français Frédéric Laluyaux, envisage une introduction en Bourse dans les douze prochains mois. Mais elle ne cache pas que rien ne presse au regard de la rapide croissance de son chiffre d'affaires et de sa clientèle.

"Nous nous concentrons vraiment sur les entreprises internationales d'au moins 2.000 salariés" a dit Laurent Lefouet, directeur général d'Anaplan pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique lors d'un entretien avec Reuters.

Depuis janvier, Anaplan a recruté des utilisateurs dans pas moins de 300 entreprises, dont les deux tiers sont internationalisées, a-t-il ajouté.

Anaplan est bien partie pour recruter 150.000 utilisateurs cette année et ce nombre devrait tripler en 2016, ce qui devrait permettre d'atteindre l'objectif d'un million d'utilisateurs en 2017 ou 2018, a dit Lefouet. Les clients de SAP ou d'Oracle sur le cloud se comptent en dizaine de millions.

Si Anaplan, dont le siège est désormais installé à San Francisco, pourrait envisager une introduction en Bourse l'année prochaine, l'objectif du recrutement d'un million d'utilisateurs, soit une moyenne de 1.000 utilisateurs dans 1.000 grandes entreprises internationales est prioritaire, a dit Laurent Lefouet.

Pour Paul Hamerman, l'alternative la plus probable à une introduction en Bourse pour de nombreux petits acteurs du cloud est le rachat par de plus gros intervenants.

COÛTS ELEVES

Les logiciels traditionnels de planification d'entreprise, hors cloud, se caractérisent par des coûts de fonctionnement élevés et une architecture rigide, les clients se sentant par ailleurs "prisonniers" des éditeurs en raison des frais importants impliqués par un changement de fournisseur, a dit Paul Hamerman.

Mais la demande des clients évolue rapidement, a-t-il ajouté.

Anaplan propose une solution de planification cloud qui peut traiter des milliards de cellules de tableurs de données d'entreprises sur des ordinateurs centraux en restituant les résultats sous forme de tableaux et de graphiques sur le navigateur web de l'utilisateur. Ses concurrents les plus directs sont les américains Adaptive et Host Analytics.

Les spécialistes de ce marché disent qu'Anaplan se distingue de beaucoup de ses concurrents, petits comme grands, par la manière dont il marie une analyse et une modélisation sophistiquée des données avec une interface relativement simple d'utilisation qui peut être prise en main par les responsables de différentes divisions au sein d'une entreprise, sans beaucoup de support technique.

Le chiffre d'affaires annuel du marché des logiciels d'ERP, que se partagent entre 15 et 20 éditeurs, représente environ 3 milliards de dollars, selon Paul Hamerman.

Anaplan estime que sa cible potentielle représente 20% des salariés des entreprises, un marché bien plus large et qu'il chiffre jusqu'à 20 milliards de dollars à terme.

Anaplan a dit que plusieurs milliers d'utilisateurs dans de grandes entreprises comme Hewlett-Packard, McAfee, filiale d'Intel, VMware ou des spécialistes des produits de grande consommation comme Procter & Gamble, Reckitt Benckiser ou Kimberly-Clark.

Anaplan ne communique pas son chiffre d'affaires. Un calcul sur la base des 45.000 utilisateurs que la start-up dit avoir recrutés et d'un abonnement annuel moyen de 1.000 dollars comparable aux tarifs pratiqués par Salesforce.com donne un chiffre d'affaires proche de 50 millions de dollars (45 millions d'euros).

Anaplan a levé environ 150 millions de dollars jusqu'à présent dont 100 millions en mai auprès d'un groupe de capital investisseurs et de Salesforce et Workday.

(Marc Joanny pour le service français)