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PARIS, 16 mai (Reuters) - Interxion, leader européen et deuxième opérateur mondial de centre de stockage de données, a inauguré mercredi son deuxième centre à Marseille, devenue un carrefour de la connectivité numérique grâce à sa position géographique à la croisée de l'Europe, de l'Afrique, du Moyen-Orient et de l'Asie.

"La ville est devenue un hub stratégique d'envergure mondiale. C'est un atout géographique unique en Méditerranée", a déclaré à la presse le directeur général d'Interxion France, Fabrice Coquio.

Marseille est le cinquième hub européen pour les réseaux, les télécoms et le cloud, notamment grâce à la présence de 13 câbles sous-marins de télécommunications déployés pour certains sur plus de 20.000 kilomètres de long. Ils relient Marseille à des dizaines de pays jusqu'à Singapour et la Chine.

Derrière Londres, le premier marché d'Europe, Francfort, Paris et Amsterdam, la ville conforte son intérêt pour l'échange de données avec l'arrivée de nouveaux projets de câbles.

Trois sont annoncés avant la fin 2019 -- l'Africa One qui doit relier l'Afrique du Sud à l'Europe, Peace, d'origine chinoise et d'une longueur de près de 7.000 kilomètres, et un dernier depuis l'Inde. La capacité de ces trois câbles sera équivalente à celle des 13 existant déjà à Marseille.

"Il n'y a pas d'économie numérique sans data center", dit Fabrice Coquio, qui précise que 95% des clients de son nouveau centre marseillais sont internationaux.

La valeur d'un data center se mesure généralement à son niveau d'interconnexion et à la fiabilité de sa sécurisation.

Surfant sur ces perspectives de marché et sur le développement des échanges de données entre continents, Interxion a installé trois data centers dans la cité phocéenne, sur la cinquantaine que la société possède en Europe.

"La concurrence surveille de près l'évolution de la situation", note un spécialiste du secteur.

Interxion a investi 48 millions d'euros dans l'acquisition en 2014 de son premier center marseillais, puis 75 millions pour la construction du second dont elle vient d'inaugurer la première tranche, 130 millions enfin pour réhabiliter une ancienne base nazie de sous-marins.

Cette base, qui n'a pas eu le temps d'accueillir les navires, a servi d'entrepôt pour les armées jusqu'en 1982, puis pour des matières chimiques sous douane jusqu'en 2000. Le Grand port maritime de Marseille (GPMM) a eu le projet de la détruire avant de reculer devant le coût estimé de 26 millions d'euros.

Le bâtiment de 250 mètres de long a fait l'objet d'un bail de 49 ans en faveur d'Interxion, qui veut ouvrir la première tranche de ses 7.500 m2 d'espaces informatiques avant fin 2019.

La filière numérique sur le territoire de la métropole Aix-Marseille pèse, selon le collectivité, près de 50.000 emplois dans 8.000 entreprises. (Jean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse)