Paris (awp/afp) - Le groupe pharmaceutique français Ipsen a annoncé lundi la plus importante acquisition de son histoire en rachetant le produit phare de l'américain Merrimack Pharmaceuticals dans le traitement du cancer du pancréas.

La transaction, qui devrait se conclure à la fin du premier trimestre 2017, pourrait atteindre environ un milliard de dollars.

Ipsen va débourser à la clôture de l'opération 575 millions de dollars pour racheter Onivyde, développé par Merrimack.

Le groupe pourrait payer par la suite jusqu'à 450 millions de dollars en fonction de "l'approbation de nouvelles indications potentielles d'Onivyde aux Etats-Unis".

Le produit présente l'avantage d'être déjà commercialisé aux Etats-Unis, où environ 50.000 nouveaux cas de cancer du pancréas sont diagnostiqués chaque année et où cette pathologie représente la troisième cause de mortalité liée à un cancer.

Ipsen récupère les droits exclusifs de commercialisation du médicament aux Etats-Unis, où il a été autorisé en octobre 2015 pour les patients atteints de cancer du pancréas métastatique précédemment traités et qui ont une espérance de vie très réduite.

Onivyde représente aujourd'hui des ventes aux Etats-Unis estimées à 60 millions de dollars sur base annuelle. Ipsen table sur un pic de ventes supérieur à 300 millions de dollars dans l'indication actuelle aux Etats-Unis, a indiqué son directeur général David Meek, lors d'une conférence téléphonique.

Le groupe français obtient également les accords de licence en vigueur avec Shire hors Etats-Unis et avec PharmaEngine à Taïwan.

En octobre 2016, Onivyde a reçu l'autorisation de mise sur le marché de la Commission européenne dans le traitement du cancer du pancréas métastatique.

Ipsen sera responsable de la poursuite des études cliniques en cours d'Onivyde dans le cancer du pancréas en première ligne, dans le cancer du poumon et dans le cancer du sein. Le groupe est "persuadé que le produit a un potentiel de croissance dans d'autres indications", affirme un porte-parole à l'AFP.

Il "va venir en complément de nos activités commerciales aux Etats-Unis", où Ipsen a lancé en 2015 son traitement phare contre les tumeurs neuroendocrines, Somatuline, qui affiche une santé de fer, explique le porte-parole.

Déjà présent dans le traitement du cancer de la prostate, du rein, de la vessie et dans les tumeurs neuroendocrines, Ipsen se dote ainsi d'un quatrième pilier dans son activité oncologie.

"Le produit vient donc s'ajouter au portefeuille de médecine de spécialité en oncologie et confirme la stratégie de la société du basculement ("switch") de la médecine générale vers celle de spécialité", soulignent les analystes de la société de Bourse Portzamparc.

La médecine de spécialité compte désormais pour plus de 80% des ventes globales d'Ipsen qui a relevé en octobre son objectif annuel de croissance dans cette division moteur, anticipant désormais une croissance annuelle égale ou supérieure à 15% contre plus de 12% précédemment.

Ipsen estime pouvoir réaliser d'"importantes synergies commerciales" aux Etats-Unis, où il intégrera 100 collaborateurs de Merrimack dans ses équipes, et assure avoir "les moyens d'y optimiser les ventes" d'Onivyde, selon le porte-parole.

"Opportunité majeure"

Onivyde est une "innovation importante" dans un domaine "où les échecs de développement ont été nombreux et les autorisations de mise sur le marché délivrées par les autorités réglementaires américaines (FDA) rares, au cours des deux dernières décennies", a souligné David Meek, cité dans un communiqué.

Qualifiée d'"opportunité majeure", l'opération renforce la stratégie d'Ipsen dans l'oncologie, qui représente déjà plus de 50% des ventes, et "accélère sa trajectoire de croissance à court et long terme, ainsi que sa profitabilité", explique Ipsen.

Le groupe prévoit que l'opération pèsera sur les résultats 2017 mais qu'elle aura, dès 2018, un effet positif sur la marge opérationnelle courante et le bénéfice par action.

A la Bourse de Paris à 15H45, l'action Ipsen perdait 0,35% à 71,48 euros, dans un marché en repli de 0,72%.

La dernière opération de taille réalisée par Ipsen remonte à mars 2016, avec l'acquisition des droits commerciaux (hors Amérique du Nord et Japon) d'une molécule à vocation multiple en cancérologie, Cabozantinib, pour laquelle il a versé dans un premier temps 200 millions de dollars à la biotech américaine Exelixis qui l'a développée.

Ipsen pourrait ensuite débourser plus de 655 millions de dollars, au gré d'étapes réglementaires et commerciales à franchir.

afp/rp