Les marchés n'aiment pas l'incertitude. Le refrain est connu mais tellement vrai. Dernière victime en date : Ipsen dont le titre a perdu jusqu'à 7% en séance avant de réduire ses pertes. Ce matin, le groupe pharmaceutique français a surpris en annonçant le départ de Christel Bories, directrice générale déléguée en poste depuis trois ans. Le conseil d'administration et Christel Bories ont en effet récemment fait le constat de désaccords au sujet du plan stratégique.

Le groupe a annoncé d'autres changements majeurs au sein de sa direction générale. Ipsen a ainsi dissocié les fonctions de président et de DG afin d'accélérer le développement à l'international, mais surtout renforcer l'activité "business development" et fusions-acquisitions. Le processus de recrutement du futur directeur général a d'ores et déjà été lancé avec la volonté d'aboutir dans les prochains mois. Marc de Garidel deviendra président non-exécutif à compter de l'entrée en fonction du nouveau DG.

Les analystes ont accueilli ces annonces de façon mitigée. Pour un broker parisien, cette décision de séparer les fonctions de Marc de Garidel va dans le bon sens d'un point de vue de la gouvernance. Pour autant, il redoute que de tels changements créent une période d'incertitude au sein du groupe.

Pour un autre analyste, cette modification confirme la volonté d'Ipsen d'optimiser ses parts de marché, d'effectuer un travail de marketing très segmenté sur ses marchés les plus compliqués d'une part et d'élargir son portefeuille et accélérer les options de business development d'autre part.

Dans l'attente, les deux bureaux d'études ont maintenu leur recommandation Neutre sur la valeur.


AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Société familiale biopharmaceutique spécialisée dans les peptides et les toxines, visant à devenir leader dans le traitement des maladies invalidantes et se développant dans les franchises de neurologie, endocrinologie et uro-oncologie ;
- Activité équilibrée entre la médecine de spécialité (75 % des ventes) -endocrinologie, neurologie et uro-oncologie, trois secteurs plus margés que la médecine générale (25 %) et moins exposés à la concurrence des grands laboratoires ;
- Forts investissements en R&D, supérieurs à 20 % du chiffre d’affaires, avec une avance technologique dans les peptines et les toxines ;
- Après une restructuration drastique en termes de baisse des coûts et d’abandon du tiers du pipeline de candidats médicaments, société bien positionnée pour maximiser la croissance des franchises clés Somatuline (endocrinologie) et Dysport (neurologie) ;
- Montée en puissance des pays émergents –Asie, Amérique latine et Europe de l’est- qui génèrent 40 % des ventes, dont 8 % pour la filiale chinoise ;
- Retour à la rentabilité en 2014.

Les points faibles de la valeur
- En Europe, notamment en France, poursuite des déremboursements, de la baisse des ventes en médecine de ville et pressions gouvernementales sur le prix des médicaments ;
- Forte dépendance à 3 médicaments, assurant près des 2/3 des ventes- le Dysport (challenger du Botox), commercialisé aux Etats-Unis, le Décapeptyl (cancer de la prostate) et le Somatuline ;
- Présence encore insuffisante aux Etats-Unis (5 à 6 % des ventes), premier marché pharmaceutique mondial avec 34 % des parts de marché ;
- Arrêt des études dans le cancer de la prostate avec le Tasquinimod, ce qui devrait peser sur le résultat 2015 ;
- Expositions à la dégradation économique russe et à l’inflation dans les pays émergents ;
- Valeur chère à ses plus hauts historiques.

Comment suivre la valeur
- Statut de valeur de croissance ;
- Sensibilité boursière liée aux déclarations d’Allergan, propriétaire du Botox, ou du concurrent Specialty Pharma ;
- Stratégie de développement fondée sur les franchises, grâce à une enveloppe de 6 M€, afin de parvenir, en 2020, à un doublement des ventes à 2,2 Mds€ et à un triplement du résultat d’exploitation, soit une marge opérationnelle de 24 % (contre 13 % en 2013) ;
- Acquisition éventuelle de Canbex Therapeutics, titulaire d’un candidat médicament, le VSN16R, proche du Dysport ;
- Sensibilité aux annonces attendues en 2015 : résultats de la phase III du Tasquinimod contre le cancer de la prostate, nouvelles indications de toxines botuliques pour le Dysport et extensions d’indication, aux Etats-Unis et en Europe, pour Somatuline qui devrait tirer la croissance en 2015 ;
- Présentation en juillet de la stratégie de développement ;
- Réalisation de l’objectif, relevé, 2015 : croissance des ventes 10 à 12 % en spécialités et baisse de 3 % en médecine générale et marge opérationnelle courante de 21 à 22 % ;
- Incertitudes sur la stratégie de la famille fondatrice Beaufour (68,3 % des actions et 81,5 % des droits de vote) : rachat des minoritaires ou élargissement du flottant ?

Pharmacie - Santé
La consolidation du secteur pharmaceutique se poursuit avec la fusion à 160 milliards de dollars entre l'américain Pfizer et le fabricant du traitement anti-rides Botox, Allergan. Cette opération donnera naissance au plus grand groupe pharmaceutique mondial. Elle présente deux avantages : premièrement le siège d'Allergan est en Irlande, où l'impôt sur les bénéfices est presque trois fois moins élevé qu'aux Etats-Unis. De plus, cette opération s'inscrit dans un contexte où les groupes pharmaceutiques ont besoin de renouveler leurs portefeuilles. Pfizer envisage de se diviser en deux entités distinctes, avec d'un côté les médicaments génériques et de l'autre les blockbusters, ces médicaments sous brevets capables de générer plus d'un milliard de dollars de chiffre d'affaires.