ORANGE SPAIN PLC (Actualisation: contexte et communiqué d'Orange)
La Commission européenne a approuvé mardi le projet d'acquisition de l'opérateur espagnol de télécommunications Jazztel (>> Jazztel PLC) par Orange pour un montant de 3,4 milliards d'euros, après que le groupe français a accepté une série de concessions qui permettront à un nouveau concurrent d'entrer sur le marché espagnol.
La position de la Commission européenne était très attendue afin de voir comment le nouvel exécutif européen considèrera les éventuelles fusions à venir dans un secteur européen des télécommunications en pleine consolidation.
La fusion avec Jazztel permet à Orange de quasiment doubler sa part du marché de l'internet à haut débit en Espagne et ainsi de devenir le second fournisseur de ce type de service dans le pays, devant Vodafone (>> Vodafone Group plc) et derrière Telefónica (>> Telefonica SA). A l'issue de l'opération, le nombre de fournisseur à l'internet sera réduit en Espagne de quatre à trois.
Orange va céder un réseau de fibre optique
La Commission européenne avait ouvert en décembre une enquête approfondie sur le projet d'acquisition de Jazztel par Orange, redoutant que l'opération nuise à la concurrence dans le pays et engendre des hausses de prix dans l'internet à haut débit. Les régulateurs européens avaient par la suite suspendu par deux fois leur enquête, alors qu'ils cherchaient à établir si les consommateurs espagnols pouvaient souffrir d'une moindre concurrence.
Les cessions et engagements d'Orange en matière d'accès à ses réseaux ont finalement apaisé ces inquiétudes. Le groupe français s'est engagé à céder un réseau de fibre optique et à assurer l'accès de gros à ses réseaux en cuivre et de téléphonie mobile, y compris à ses services 4G.
"Pour apaiser les craintes de la Commission, Orange a présenté des engagements qui permettront à un quatrième concurrent d'entrer sur les marchés de détail des services d'accès à l'internet fixe sur tout le territoire espagnol", a déclaré Bruxelles dans un communiqué.
De son côté, Orange a indiqué avoir consenti à des "engagements équilibrés qui, tout en répondant au souhait de la Commission de maintenir l'intensité concurrentielle du marché fixe en Espagne, préserve les ambitions du groupe en termes de synergies, de convergence et de puissance de déploiement fibre".
L'opérateur estime que l'opération devrait générer des synergies globales pour l'ensemble combiné de 1,3 milliard d'euros, notamment grâce aux économies réalisées dans les coûts opérationnels et les investissements réseaux. Orange compte accélérer le déploiement de la fibre optique en Espagne dans les années à venir.
La Commission européenne plus ouverte à des rapprochements
Les groupes européens de télécommunications militent depuis des années pour une consolidation du secteur. Selon eux, des rapprochements leur permettraient d'accroître les investissements nécessaires au développement de leur réseau. Cette position a reçu un écho favorable de la part de la nouvelle équipe dirigeante de la Commission européenne, qui a pris ses fontions en novembre.
Le PDG d'Orange, Stéphane Richard, indiquait en novembre dernier que la Commission semblait plus ouverte à une consolidation du secteur des télécoms mais que l'enquête portant sur le rachat de Jazztel serait un premier test pour évaluer la position de l'exécutif européen sur ces questions.
L'ancien Commissaire européen chargé de la concurrence, Joaquín Almunia, a approuvé par le passé plusieurs rapprochements entre opérateurs en Europe, notamment le projet d'acquisition de l'opérateur mobile E-Plus par Telefonica pour 8,6 milliards d'euros.
Toutefois, Margrethe Vestager, la nouvelle Commissaire européenne chargée de la concurrence, a averti à plusieurs reprises qu'elle ne permettrait pas que des fusions de grande taille se fassent au détriment des consommateurs. Dans un communiqué publié mardi, elle a déclaré qu'il était "très important" que les clients des opérateurs espagnols de télécommunications ne subissent pas de hausses des prix.
-Tom Fairless, The Wall Street Journal (Version française Valérie Venck et Blandine Hénault) ed/EC
