Zurich (awp) - Le gestionnaire de fortune Julius Bär a réalisé au premier semestre 2016 des résultats supérieurs aux prévisions des analystes. Le bénéfice a clairement augmenté, le produit d'exploitation et les fortunes gérées ont crû également. La banque a aussi progressé dans son objectif de recrutement de conseillers à la clientèle et dit continuer à s'intéresser aux acquisitions.

Le bénéfice net ajusté dégagé de janvier à juin s'est élevé à 402 mio CHF, soit une hausse de 4,7% sur un an. Sans les provisions réalisées au premier semestre 2015, il est monté de 5%, à l'instar du bénéfice par action, a indiqué lundi la banque dans un communiqué.

Le bénéfice net selon la norme IFRS attribuable aux actionnaires a bondi de 828% à 362 mio CHF et le bénéfice par action correspondant de 834% à 1,66 CHF. En début d'année dernière, Julius Bär avait constitué une provision de 350 mio USD pour frais de justice qui avait pesé sur le résultat net.

La masse sous gestion est montée de 4% à 311 mrd CHF entre fin juin 2015 et fin juin 2016. La dynamique des activités s'est améliorée depuis le premier trimestre 2016, ce qui a généré un afflux plus important d'argent frais, souligne la direction. Le taux de fonds propres durs (CET1) s'établissait fin juin à 15,9%.

L'afflux net d'argent frais de 5,5 mrd CHF sur les six premiers mois est toutefois inférieur aux 6,5 mrd enregistrés l'année précédente à la même période. L'apport annualisé de 3,7% reste inférieur à celui visé.

"Nous avons souffert au premier trimestre de conditions de marché difficiles, à l'instar de tous nos concurrents", a indiqué lundi à AWP Boris Collardi. "La dynamique au deuxième trimestre s'est sensiblement améliorée et je reste convaincu que nous parviendrons à concrétiser notre objectif de 4 à 6% d'argent nouveau sur l'ensemble de l'année", a-t-il poursuivi.

PLUS DE 200 NOUVEAUX CONSEILLERS À LA CLIENTÈLE

La banque revendique des progrès dans son objectif de recrutement accéléré de conseillers à la clientèle expérimentés, qui sont actuellement 200 à avoir rejoint l'établissement. Une majorité des quelque 200 conseillers à la clientèle embauchés par Julius Bär doit entrer en fonction au deuxième semestre. "La récente orientation vers la croissance organique, sans exclure d'éventuelles acquisitions, s'avère de plus en plus payante", a déclaré le CEO.

"Nous sommes déjà mieux organisés et disposons de marchés et de mandats de clients plus lisibles pour mes collègues de la direction générale", a poursuivi le grand patron.

Concernant la perspective, Julius Bär compte poursuivre le recrutement de conseillers pendant encore "quelques mois", selon M. Collardi. Les nouveaux collaborateurs devraient être issus de différentes régions et de divers instituts et contribuer à l'afflux d'argent frais. Le directeur financier (CFO) Dieter Enkelmann se dit convaincu de "pouvoir atteindre chaque année (son) objectif d'argent frais".

Julius Bär n'exclut pas non plus des acquisitions. "Nous continuons à prospecter, mais n'avons pour l'instant pas de société qui corresponde à nos critères", a déclaré lundi à AWP M. Collardi lors d'une conférence téléphonique. Des petites acquisitions pourraient être financées par le bilan, a ajouté M. Enkelmann, mais pour des plus grandes comme Merrill Lynch, qui vient d'être finalisée, la banque devrait faire appel au marché des capitaux.

PERFORMANCE RECONNUE

Ces résultats ont été bien accueilli par les analystes, qui ont toutefois émis certaines réserves. Les turbulences sur les marchés liées à la votation britannique sur le Brexit ont dynamisé les activités clientèle et une revalorisation de l'acquisition Kairos a enflé de 39 mio CHF les recettes, ont-ils commenté.

Les progrès réalisés au niveau des coûts ont été salués, bien que 63 mio CHF soient à mettre sur le compte d'une adaptation du plan de caisse de pension suisse, a fait remarquer la Banque cantonale de Zurich (ZKB). Corrigé de cet effet, le ratio coûts/revenus s'est avéré supérieur à la fourchette visée entre 64% et 68%, ajoute l'institut, qui juge toutefois que Julius Bär a évolué de façon "acceptable" dans un contexte difficile pour le secteur bancaire privé.

La baisse du taux de fonds propres, qui est à mettre par ailleurs sur le compte d'une politique agressive d'acquisitions, a été également commentée. Bien que certains analystes tels que Morgan Stanley aient anticipé cette répercussion, bon nombre d'entre eux se sont montrés surpris.

Les courtiers s'attendent pour leur part à une nette reprise du cours de l'action, après la déception créée par le rapport intermédiaire en mai.

Lundi, la nominative Julius Bär a grignoté du terrain tout au long de la matinée avant de s'affaisser quelque peu en fin de séance, clôturant tout de même sur un gain de 2,9% à 41,09 CHF. Le SMI a pour sa part terminé d'une fraction de point au dessous de l'équilibre.

fah/ol/jh/buc