Le groupe a vu ses ventes grimper de 25% à 15,48 milliards d'euros, un chiffre proche des 15,38 milliards attendus, signant un bond en avant de 27,2% à taux de change constants sur l'année et de 27,2% au seul quatrième trimestre.

Son résultat opérationnel courant a pris 56,3% pour atteindre un record à 2,95 milliards d'euros, un chiffre supérieur aux 2,87 milliards du consensus Inquiry Financial pour Reuters, et sa marge a bondi de 380 points de base à 19,0%.

"Kering a réalisé une année phénoménale", a déclaré son PDG François-Henri Pinault, pour qui le groupe devrait cette année encore, "grâce à la complémentarité de ses maisons (...) faire bien mieux que le marché".

Cette performance a été largement tirée par les résultats exceptionnels de Gucci, dont les ventes ont décollé de 44,6% à changes constants, avec un nouveau bond en avant de 42,6% au quatrième trimestre, au lieu des 39% attendus par les analystes.

En dépit de ces bons résultats, le titre Kering cède 2,47% à 370,6 euros à 10h18, accusant ainsi la plus forte baisse de l'indice CAC 40 (-0,13%).

Alors que le titre a touché un plus haut historique de 417,40 euros en janvier et gagné 84% l'an dernier, les analystes saluent la performance actuelle mais certains, comme ceux d'Exane BNP Paribas, s'interrogent sur la capacité du groupe a maintenir à l'avenir des taux de croissance aussi élevés, en particulier chez Gucci.

La marque a pulvérisé cette année tous les records, portée par une esthétique foisonnante qui rencontre les aspirations des jeunes consommateurs du luxe. Le succès des collections d'Alessandro Michele ne se dément pas, et elle gagne des parts de marché sur ses concurrents.

La griffe italienne, qui pèse pour plus de 70% des profits du groupe, a franchi pour la première fois la barre des 6,0 milliards d'euros de ventes (6,2 milliards) et son résultat opérationnel courant a grimpé de 69%, pour une marge record de 34,2%, en hausse de 550 points de base.

Toutefois, après une telle explosion et des bases de comparaisons qui s'annoncent très difficiles pour 2018, la "normalisation" de la croissance de Gucci constitue un enjeu de taille.

Le risque de lassitude, une fois que l'esthétique Gucci aura perdu le lustre de la nouveauté, la fidélisation de la masse de ses nouveaux clients ou l'évolution de sa ligne créatrice sont autant de défis pour la marque à moyen terme.

LE NOUVEAU MOTEUR BALENCIAGA

Elle laisse loin derrière les meilleurs élèves du secteur comme Louis Vuitton, propriété de LVMH, dont les ventes ont progressé d'environ 13% l'an dernier, ou comme Hermès, aux performances moins spectaculaires mais plus régulières, et dont la croissance a été de 8,6%.

Gucci a étoffé son offre avec succès, proposant aux "millenials" des produits plus accessibles, étendant aussi son offre pour hommes et celle de ses accessoires (lunettes et bijoux). Elle s'est aussi récemment lancée dans la décoration.

Elle profite aussi, comme ses concurrents, d'une explosion des ventes auprès de la clientèle chinoise et d'une montée en flèche de ses ventes en ligne, qui ont grimpé de 80%.

Saint Laurent n'est pas en reste, avec une croissance annuelle de 25%, dépassant la barre des 20% pour la 7e année consécutive, tandis que le pôle des autres marques de luxe avance de 14%, grâce au succès de Balenciaga, nouvelle pépite montante du groupe dont les ventes ont décollé de plus de 40% au deuxième semestre.

Kering a aussi profité du redressement de l'équipementier sportif Puma, qu'il s'apprête à céder à ses actionnaires, dix ans après son rachat, faute de synergies avec les actifs de luxe.

Le résultat net part du groupe a plus que doublé (+119,5%) à 1,79 milliard d'euros et le dividende proposé est relevé de 30% à 6,00 euros (consensus 5,82 euros).

(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis