Zurich (awp) - Les montants indûment déclarés en Suisse par le groupe Kering, soupçonné d'avoir soustrait aux autorités italiennes jusqu'à 1,3 mrd EUR, pourraient jouer un rôle central dans "l'affaire Gucci". Si la procédure lancée par le fisc transalpin à l'encontre de Gucci, fer de lance de la maison de luxe française, devait aboutir, cela pourrait coûter "très cher" au canton italophone, affirme la Sonntagszeitung.

Basée à Cadempino, au Tessin, Luxury Goods International (LGI) est la plateforme de Kering en charge de la distribution et de la logistique de la plupart des marques de luxe du groupe - notamment Gucci - à travers le monde. Bien que la fabrication de la plupart des produits de la marque soit réalisée en Italie, une grande partie des gains est comptabilisée en Suisse à des fins d'optimisation fiscale.

Ce genre de structure est autorisé par les règles internationales, pour autant que les filiales déclarées en Suisse y exercent effectivement leurs activités. Or cela semble ne pas être le cas, selon des documents qu'a pu se procurer le dominical alémanique, qui indique qu'une vingtaine de hauts responsables de la société censés opérer depuis le Tessin travaillaient en fait dans les bureaux de Gucci à Milan et à Florence.

S'il devait s'avérer que Kering a maintenu un "établissement stable", c'est-à-dire une activité économique effective, à l'insu des autorités italienne, la firme de luxe devrait alors s'acquitter de ses impôts en Italie plutôt qu'en Suisse, en vertu de l'accord de double imposition entre les deux pays. Cela coûterait "très cher" au Tessin, qui affirmait en 2014 que le secteur de la mode était son plus important contributeur fiscal.

Contacté par plusieurs médias, le numéro deux mondial du luxe fait savoir à qui veut l'entendre que "le groupe s'acquitte en Suisse des impôts dus, en conformité avec la loi et le statut fiscal de la société" et que "ce modèle d'exploitation est connu des autorités fiscales suisses, italiennes et françaises".

Vendredi dernier, le site d'information Mediapart affirmait que le montant soustrait par Kering depuis 2002 aux autorités fiscales italiennes, mais aussi françaises et britanniques, pourrait atteindre 2,5 mrd EUR.

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