Evoquée au cours du week-end dans la presse belge, une telle opération créerait un groupe avec une capitalisation boursière de 25 milliards d'euros et déjà bien implanté sur la côte est des Etats-Unis.

Même si certains analystes doutent de la pertinence d'un tel rapprochement, les titres flambent en Bourse lundi, avec un bond de près de 15% pour Delhaize à Bruxelles, à 83,22 euros, et de 6,67% pour Ahold à Amsterdam, à 18,38 euros.

"Ils se jaugent, explorent les options mais c'est le tout début", a dit une source.

Les deux sociétés ont refusé de s'exprimer sur le sujet.

La proximité géographique est le principal argument en faveur d'un mariage, font valoir certains analystes. Les deux concurrents sont tous deux enracinés au Benelux, réalisent l'essentiel de leur chiffre d'affaires sur la côte est des Etats-Unis, via Food Lion pour Delhaize et les chaînes Stop & Shop et Giant pour Ahold, et ont développé une présence en Europe centrale et orientale.

Un mariage renforcerait leur pouvoir de négociation avec les fournisseurs, ce qui pourrait leur permettre de baisser leurs prix et de gagner des parts de marché. ABN Amro estime les économies potentielles de 600 millions à un milliard d'euros à partir d'un bénéfice d'exploitation combiné de deux milliards d'euros.

D'autres analystes rappellent en revanche que les mariages dans le secteur de la grande distribution ne sont pas toujours heureux. "Nous avons du mal à nous souvenir d'une grande fusion manifestement réussie dans les supermarchés", écrivent les analystes de Bernstein.

Depuis l'acquisition de Safeway en 2003, le cours de Bourse du britannique Morrisons ne s'est guère amélioré tandis que l'action Carrefour vaut la moitié de ce qu'elle valait avant le rachat de Promodes en 1999 pour 15,9 milliards d'euros, selon les données Thomson Reuters.

La dernière grande acquisition de Delhaize, le serbe Delta Maxi en 2011 pour 932 millions d'euros, n'est pas perçue comme une réussite par nombre d'analystes.

La presse rapporte que Delhaize et Ahold ont déjà envisagé une fusion en 2006 mais depuis, l'action du néerlandais a triplé de valeur alors que celle du belge n'a gagné que 50%.

Ahold a désormais une capitalisation boursière de 15,5 milliards d'euros, le double de celle de Delhaize qui se monte à 7,53 milliards, selon les cours avant l'ouverture de la séance lundi. Un mariage ne se ferait donc probablement pas entre égaux mais consisterait plutôt en un rachat de Delhaize par Ahold.

(Robert-Jan Bartunek, avec Thomas Escritt à Amsterdam, Bertrand Boucey pour le service français, édité par Patrick Vignal)

Valeurs citées dans l'article : DELHAIZE GROUP, KONINKLIJKE AHOLD