Kraft avait créé la surprise vendredi avec son offre de rachat d'Unilever, le propriétaire, entre autres des thés Lipton et des savons Dove, qui avait aussitôt sèchement rejeté cette proposition.

L'action Unilever, aussi bien cotée à Londres qu'à Amsterdam, avait terminé vendredi sur un bond de plus de 13%, inscrivant au passage un record. Le titre Kraft Heinz avait de son côté fini sur une hausse de plus de 10% vendredi à Wall Street à la suite de l'annonce de son offre.

Kraft Heinz a retiré son offre car l'entreprise a eu le sentiment qu'aboutir à un accord avec Unilever allait être trop difficile après que son intérêt a été rendu public si tôt dans le processus d'approche de sa cible, ont dit des personnes proches du dossier sous couvert d'anonymat.

Kraft ne s'attendait pas à faire face à la résistance que lui a opposée Unilever, a dit une personne. Certaines inquiétudes majeures ont été exprimées lors des négociations, y compris un éventuel examen de la part du gouvernement britannique ainsi que des divergences dans la culture et le fonctionnement des deux entreprises, a ajouté cette personne.

Le groupe américain a été contraint, au regard de la réglementation britannique sur les fusions & acquisitions, d'annoncer publiquement vendredi son projet de rachat d'Unilever après que des rumeurs à ce sujet ont commencé à circuler parmi les courtiers.

Dans leur bref communiqué commun, les deux entreprises ne donnent aucune raison pour expliquer la fin de leurs discussions.

"Unilever et Kraft Heinz annoncent (...) que Kraft Heinz a accepté à l'amiable de retirer sa propposition d'une combinaison des deux entreprises. Unilever et Kraft Heinz ont une grand estime l'une pour l'autre. Kraft Heinz a un profond respect pour la culture, la stratégie et le rôle de premier plan d'Unilever", lit-on dans le communiqué.

Un mariage des deux multinationales serait arrivé au troisième rang du classement des plus grosses fusions d'entreprises jamais conclues dans le monde et serait le plus important rachat d'une entreprise basée au Royaume-Uni.

Le secteur de l'alimentation est confronté simultanément au ralentissement des marchés émergents, qui ont longtemps été le principal moteur de leur croissance, à la baisse des prix sur les marchés développés et à l'évolution des comportements d'achat des consommateurs, de plus en plus sensible aux arguments sur l'origine et la qualité des produits.

Cette rupture a suscité des spéculations parmi les analystes et les investisseurs pour savoir si Kraft pourrait envisager un plan B et le rachat d'un autre acteur majeur du secteur.

(Ismail Shakil à Bangalore et Greg Roumeliotis à New York, Benoit Van Overstraeten pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Unilever, Unilever plc, Kraft Heinz Co
Valeurs citées dans l'article : Unilever, Unilever plc, Kraft Heinz Co