Schindellegi (awp) - Le groupe Kühne+Nagel a vu son bénéfice net s'effriter au 3e trimestre, même si sur les neuf premiers mois de l'exercice en cours, le résultat reste positif en comparaison annuelle. Reste que le partiel présenté par le logisticien est ressorti nettement en dessous des attentes des analystes et n'a pas été du goût des investisseurs, avec à la clé un plongeon de la nominative à la Bourse suisse.

Le bénéfice net dégagé entre janvier et septembre a crû de 4,1% en comparaison annuelle, pour atteindre 533 mio CHF (531 mio après minoritaires). Dans la même période, les recettes se sont repliées de 1,4% à 12,25 mrd, en raison notamment du recul des exportations depuis l'Asie, indique mardi le groupe de Schnindellegi dans son rapport d'étape (non audité).

Le bénéfice brut est ressorti à 4,9 mrd CHF, soit 6,3% de mieux qu'en 2015. L'excédent brut d'exploitation (Ebitda) a crû de 5,1% à 817 mio et le résultat avant intérêts et impôts (Ebit) de 5,9% à 678 mio.

La copie rendue par Kühne+Nagel est inférieure à la moyenne des pronostics des analystes consultés par AWP. Si les recettes se situent encore dans le bas de la fourchette, tous les autres résultats sont nettement en dessous des expectatives.

Sur le seul troisième trimestre, Kühne+Nagel a vu son chiffre d'affaires s'affaisser de 2,4% à 4,1 mrd CHF, l'Ebitda de 3,6% à 270 mio, l'Ebit de 3,0% à 223 mio et le bénéfice net de 4,8% à 177 mio.

La direction explique cette contre-performance par le recul des exportations en provenance des marchés asiatiques, ainsi que par l'accroissement de la pression sur les marges dans le fret maritime, et se dit "confiante par rapport à la marche des affaires au 4e trimestre 2016".

Dans le fret maritime, Kühne+Nagel a vu ses volumes progresser de 4,5% sur un an au 3e trimestre, plus que le marché, qui a grappillé moins de 2%. Reste qu'en raison de la pression sur les marges, le bénéfice brut par conteneur équivalent vingt pieds (EVP) accuse un repli de 4,4%. Sur neuf mois en revanche, l'évolution reste positive (+4,3%), pour un Ebit de 340 mio CHF, en hausse de 1,5%.

LA DÉBÂCLE DE HANJIN A PESÉ

Dans un entretien accordé à AWP, le directeur financier (CFO) Markus Blanka-Graff a évoqué la débâcle en septembre de la compagnie maritime sud-coréenne Hanjin, un des principaux acteurs de la branche sur les routes transpacifiques. Même si la compagnie n'est pas la principale à laquelle Kühne+Nagel a recours, quelque 4000 conteneurs de K+N se trouvaient sur les navires de Hanjin au moment de la faillite de celle-ci.

Cela reste marginal par rapport aux plus de 1 mio de conteneurs transportés par le groupe schwytzois au cours du 3e trimestre. Reste que la faillite de Hanjin a généré des coûts en millions à un chiffre, a indiqué le CFO.

Le fret aérien a également vu ses marges subir une forte pression en raison de la contraction de la demande et de l'augmentation des capacités. Entre janvier et septembre, les volumes ont progressé de 2,2% et l'Ebit de 8,9% pour atteindre 220 mio CHF.

Le transport routier a connu une évolution réjouissante, l'accélération de la croissance en Europe compensant le ralentissement constaté aux Etats-Unis. Sur neuf mois, le chiffe d'affaires de ce segment a bondi de près de 17% et l'Ebit est ressorti à 18 mio CHF (+5,9%).

Enfin, la logistique contractuelle a vu son bénéfice brut augmenter de 4,4% entre juillet et septembre. Le chiffre d'affaires réalisé depuis janvier a progressé de 5,2% en comparaison annuelle, et l'Ebit de 16,3% pour atteindre les 100 mio CHF.

ANALYSTES DÉÇUS, ACTION BOUDÉE

Dans leurs premiers commentaires, les analystes ne cachent pas leur déception par rapport à la marche des affaires de K+N au 3e trimestre. La performance particulièrement fadasse du fret maritime, qui représente à lui seul près de la moitié des recettes du groupe, est pointée du doigt.

Baader Helvea et Credit Suisse rappellent que la consolidation qui touche actuellement la branche du fret maritime se traduit par une forte pression sur les marges. Alors que les volumes transportés ont augmenté de 5% au 3e trimestre, le bénéfice brut par unité transportée s'est contracté de 4%.

Dans l'ensemble, Kühne+Nagel évolue cependant bien dans un contexte difficile, relativise la banque Vontobel.

Jefferies et Morgan Stanley se montrent par ailleurs déçus par les activités de transport routier, relevant que les coûts croissants sur le marché américain ont pesé sur la performance.

Le partiel présenté par la firme schwytzoise n'a pas été du goût des investisseurs, qui ne se sont pas privés de le faire savoir. Peu avant 11h20, la nominative Kühne+Nagel plongeait de 3,3% à 132,70 CHF, dans des volumes particulièrement élevés, ce qui lui valait de tenir la lanterne rouge de son indice de référence (SLI, +0,64%).

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