Rapperswil-Jona (awp) - LafargeHolcim a poursuivi sur la voie de la restauration de sa rentabilité au deuxième trimestre de l'exercice 2017, malgré une timide progression de la demande. Le prochain patron, Jan Jenisch, prendra ses fonctions avec un peu d'avance sur le plan de transition original.

L'ancien directeur général (CEO) de Sika accédera dès le 1er septembre au lieu de mi-octobre à la tête de l'exécutif du mastodonte helvético-hexagonal des matériaux de construction, en remplacement d'Eric Olsen.

LafargeHolcim avait annoncé en mai le retrait de M. Olsen à la surprise générale et dans la foulée d'une enquête interne sur des malversations commises par Lafarge en Syrie, avant la fusion. Le responsable suédois avait néanmoins été blanchi sur toute la ligne dans cette affaire.

Au niveau opérationnel, les recettes se sont affaissées de 5,9% sur un an à 6,85 mrd CHF entre avril et fin juin, mais ont pris de l'embonpoint à périmètre et changes constants (+3,6%). L'excédent opérationnel a enflé de 11,6% à 1,79 mrd CHF et le bénéfice net s'est envolé de 96,5% à 787 mio CHF. Hors éléments non récurrents, le gain final a progressé de 22,7% à 700 mio CHF.

La performance s'inscrit dans le cadre des projections établies par les analystes du consensus AWP. Le chiffre d'affaires, attendu en moyenne à 6,95 mrd CHF, déçoit quelque peu. L'Ebitda en revanche n'était anticipé qu'à 1,63 mrd CHF.

Sur l'ensemble du semestre, le chiffre d'affaires s'est contracté de 6,5% à 12,48 mrd CHF. L'Ebitda s'est en revanche étoffé de 4,2% à 2,50 mrd CHF et le bénéfice net a été multiplié par plus de trois à 1,01 mrd CHF, sous l'impulsion entre autres d'un gain exceptionnel de 257 mio tiré de la cession d'activités au Vietnam au premier trimestre.

OBJECTIFS REMODELÉS

Sur l'ensemble de l'année, la direction modère quelque peu ses ambitions en termes de distribution, mais compte sur des ajustements tarifaires pour concrétiser ses objectifs financiers. La fourchette de croissance des volumes sur l'ensemble de l'année est ramenée entre 1 et 3%, contre 2 et 4% précédemment.

Mais LafargeHolcim vise toujours un Ebitda ajusté d'au moins 10% supérieur à celui de 2016. Le bénéfice par action récurrent doit progresser de plus de 20% et le ratio dette nette/Ebitda retraité doit s'établir à environ deux fois.

Le directeur opérationnel (COO) temporaire Roland Köhler a rappelé en conférence téléphonique que les prix du ciment ont été majorés de 5,5% sur les six premiers mois de l'année, tandis que ceux des aditifs se sont érodés de 0,1%.

L'exécutif demeure persuadé de sa capacité à concrétiser dans les délais ses ambitions de synergies, de désinvestissements ou encore d'économies. "Nous avons déjà à mi-parcours pratiquement atteint l'objectif de 1 mrd CHF de synergies fixé pour fin 2017" a indiqué président et directeur général (CEO) intérimaire Beat Hess.

Le responsable des cordons de la bourse Ron Wirahadiraksa a calculé que le produit des cessions avait atteint 4,4 mrd CHF, à comparer avec les 5,0 mrd visés. Le CFO demeure confiant dans la levée d'ultimes réticences de la part des autorités chinoises, qui devraient permettre de franchir ce jalon avant la fin de l'année.

PERFORMANCE HONORABLE

Le chiffre d'affaires a manqué de peu le coche, sur un trimestre largement handicapé par un moindre nombre de jours travaillés, relève Bernstein. La banque d'investissement américaine évoque dans l'ensemble une performance robuste de la part d'une entreprise qui tente toujours de rattraper le retard accumulé dans la foulée de sa fusion.

LafargeHolcim est une nouvelle fois parvenu à dégager une rentabilité supérieure aux attentes, en dépit de difficultés rencontrées notamment en Malaisie, aux Philippines, en Indonésie ou encore en Egypte, note Vontobel. La banque privée s'attend à ce que la nouvelle direction se concentre encore d'avantage sur les points faibles de l'entreprise.

Sans pour autant dénigrer la performance opérationnelle, Davy souligne que l'épée de Damoclès chosifiée par les conséquences des pratiques douteuses de Lafarge en Syrie avant la fusion et le risque persistant d'un abaissement des perspectives de rentabilité renforcent encore ses doutes quant à l'action.

Les investisseurs semblaient partager ces tergiversations à la Bourse suisse. A 09h56, la nominative LafargeHolcim cédait 0,44% à 57,20 CHF, après avoir essuyé un plancher à 56,20 CHF et à contre-courant d'un SMI en hausse de 0,70%.

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