(Actualisé avec manifestation, détails)

PARIS, 22 août (Reuters) - Le ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a lancé lundi un appel au dialogue sur le prix du lait, objet d'un conflit entre les agriculteurs et le groupe Lactalis, géant mondial du secteur.

Environ 400 personnes se sont rassemblées dans la soirée à Laval, en Mayenne, devant le siège de l'entreprise qu'ils accusent de tirer les prix vers le bas et de mettre en péril l'avenir des producteurs.

Parmi les manifestants, se trouvaient des représentants des branches régionale et départementale de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) et de sa branche laitière, la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait).

Ces syndicats reprochent à la société d'être "le groupe laitier qui paie le moins cher en Europe".

Selon les organisations syndicales, le prix de 256 euros les 1.000 litres de lait payé actuellement par Lactalis à ses producteurs est de dix à trente euros inférieur à ce que paient ses principaux concurrents.

"J'appelle les parties, donc Lactalis et les producteurs, à ouvrir le dialogue", a déclaré Stéphane Le Foll lors du compte-rendu du conseil des ministres de rentrée.

"Le gouvernement est prêt à être en médiation et à aider à débloquer cette situation", a-t-il ajouté. "Si c'est nécessaire, le médiateur qui a déjà travaillé en 2014 sur la question de la filière laitière et des prix est à disposition des parties pour (...) retrouver les voies du dialogue."

Le ministre de l'Agriculture a précisé qu'il présenterait "dans les jours qui viennent" un plan général portant sur "la mise en oeuvre des mesures européennes de maîtrise de la production laitière" obtenues par la France, ainsi que sur la production bovine et la production céréalière.

"MONTRER L'EXEMPLE"

Selon Lactalis, la faiblesse des prix du lait à la production s'explique avant tout par la surproduction et les excédents.

"Le groupe est tout à fait conscient des difficultés que les producteurs rencontrent aujourd'hui", a déclaré lundi matin sur France Inter le porte-parole de Lactalis, Michel Nalet.

Mais "ce n'est pas parce que l'entreprise (...) se porte bien et (...) se développe que nous pouvons nous exonérer de la réalité de notre marché", très concurrentiel, a-t-il ajouté.

Il a précisé que des réunions avec les organisations de producteurs travaillant avec le groupe étaient déjà prévues. Le groupe est ouvert à la discussion avec ces organisations mais dénonce leurs méthodes, a-t-il ajouté.

"Pour ce qui concerne la FNSEA et la FNPL, qui ont demandé un rendez-vous à notre président, nous avons répondu que, bien entendu, nous sommes disposés à discuter avec elles. Mais on ne peut pas à la fois guerroyer et faire un blocus (...) et stigmatiser notre groupe et demander de se mettre autour de la table", a dit Michel Nalet sur France inter.

L'entretien avec le président de Lactalis, demandé par le président de la FNSEA, "a été accepté sous réserve que les actions en cours cessent", a-t-il souligné sur BFMTV.

Philippe Jéhan, producteur laitier et président de la FDSEA de Mayenne, impute au contraire la responsabilité de la situation au groupe laitier.

"Nous voulons que Lactalis revienne à la table des négociations pour montrer l'exemple car il est le leader européen", a-t-il déclaré lors de la manifestation entamée lundi soir.

En Mayenne, premier département laitier en France avec le Finistère, environ 80% des 3.200 exploitations laitières seraient en grande difficulté, selon la FDSEA, qui évalue à 340 euros les mille litres le prix susceptible de rémunérer correctement les producteurs. (Myriam Rivet avec Pierre-Henri Allain à Laval, édité par Simon Carraud)