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11 décembre 2015 | N° 5

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PSL INFO-EXPRESS: Forum du lait PSL/ZMP


Nous luttons ensemble pour défendre les intérêts des producteurs suisses de lait

«C'est en nous penchant sur l'avenir que nous pouvons le façon- ner activement». Ce qu'il faut com- prendre de cette phrase, c'est que la FPSL s'investit dans le domaine de l'économie laitière. Il nous est ainsi possible d'identifier à temps les conséquences concrètes et de développer des stratégies pour y faire face. La production de lait en Suisse est ancrée dans la tradition et l'exportation de produits laitiers revêt une grande importance pour l'agriculture suisse. Avec l'accord de libre-échange fromager avec l'UE, nous ressentons immédia- tement les changements sur les marchés étrangers. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles le marché laitier suisse est plus pro- che du marché européen que ne le sont d'autres branches de pro- duction de l'agriculture suisse. La pression internationale sur la Suisse est réelle et, aujourd'hui, cette pression se fait particulièrement sentir chez les producteurs de lait. Il s'agit d'éviter qu'une grande par- tie d'entre eux (surtout pour ce qui est du lait de centrale) ne change à court terme de branche de pro- duction.

Il est un point central: les pro- ducteurs de lait doivent se montrer unis s'ils veulent tirer le maximum de la commercialisation et de la vente de lait. Pour ce faire, il faut être personnellement ouvert au dialogue, mener des discussions intenses à l'interne et, le cas échéant, accepter les décisions prises démocratiquement pour l'intérêt supérieur. Au niveau poli- tique, la FPSL met tout en œuvre pour que les producteurs de lait obtiennent de bonnes conditions cadres. Actuellement, il faut que la «loi chocolatière» soit défendue, sans tergiverser. Nous nous enga- geons aussi pour corriger la po- litique agricole. Les producteurs de lait doivent être à nouveau pris au sérieux. Nous agissons donc au niveau politique pour défendre les intérêts des producteurs. Les discussions montrent que nous devons tirer parti de la situation: la protection à la frontière doit être maintenue, en particulier pour le secteur laitier. Il nous faut aussi exploiter les atouts stratégiques du produit «lait suisse» par rapport à d'autres domaines. L'image des produits laitiers suisses est très bonne, tant en Suisse qu'à l'étranger. Avec une commercia- lisation adéquate, notre lait peut être tout à fait concurrentiel dans le contexte européen. Alors, au travail!

Hanspeter Kern, président de la FPSL

Économie laitière suisse 2025 Estimations et perspectives

Les interdépendances au niveau mondial et les évolutions possibles sont un grand défi pour l'économie laitière suisse. Le Forum du lait 2015 à Lucerne s'est penché sur le sujet.


La Fédération des Producteurs Suisses de Lait (FPSL) observe attentivement les évolutions in- ternationales et en tire des con- clusions pour orienter ses déci- sions. Des experts nationaux et internationaux étaient réunis au

Forum du lait 2015 afin de tenir des conférences et de mener des débats sur la situation actuelle et

Intervenants et participants à la table ronde au Forum du lait (de gauche à droite): Erhard Richards, Carlos Martìn Òvilo, Matteo Aepli, Ruedi Hagmann (modérateur), Hanspeter Kern, Markus Willimann, Markus Zemp. (Photo: J.-R. Stucki)

sur les enjeux qui en découlent. Divers accords internationaux de libre-échange sont actuellement en discussion. Cette année a été signé le Partenariat transpacifique (TPP), que les États concernés ra- tifieront ces prochaines années. Le TPP représente la plus gran- de zone de libre-échange avec 40 % du commerce mondial. Cet accord implique d'importants exportateurs de produits laitiers tels les États-Unis, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, tandis que le Japon, les Philippi- nes, la Thaïlande, le Vietnam, la Malaisie, l'Indonésie, mais aussi le Mexique, le Chili et la Colom- bie constituent d'importants ou

d'éventuels futurs importateurs. La conclusion du TPP fait pression sur l'UE pour qu'elle s'accorde sur le partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP). Sans ce dernier, l'UE s'expose à la menace de désa- vantages macroéconomiques aux États-Unis et dans d'autres pays du TPP. Une nouveauté impor- tante est à noter: au sein du TPP, les États-Unis ont admis pour la première fois des exceptions à l'ouverture du marché avec le Canada pour les produits laitiers. Des exceptions au principe d'un accès sans réserve au marché étaient jusqu'alors exclues pour les États-Unis.

Quelle analyse la Fédération des Producteurs Suisses de Lait fait-elle de cette situation


Les États signataires des accords de libre-échange comme le TPP et le TTIP s'attendent en principe à une expansion de leurs marchés suivie d'une évolution écono- mique positive. L'UE y voit une chance de faciliter sa participation à la demande mondiale croissante en produits laitiers et de dévelop- per ses propres marchés. Le plus grand potentiel pour la Suisse réside dans une stratégie de dif- férenciation par rapport au lait à l'étranger. Des arguments comme le«Swissness», lebien-êtreanimal,

le caractère régional et la santé restent des arguments importants que seul un marketing générique solide et bien harmonisé permet de communiquer. Parallèlement, les producteurs doivent recevoir un soutien politique afin que les prestations écologiques fournies ne se transforment pas en obsta- cle économique. Une prestation fournie en Suisse doit être rému- nérée de telle sorte que les trans- formateurs continuent de miser sur le site de production indigène et que la création de valeur reste en Suisse. La FPSL explore toutes les possibilités dans ce domaine, dans l'intérêt des producteurs suisses de lait. FPSL




Perspectives: l'analyse des orateurs


Grande volatilité


La suppression des quotas dans l'UE a fait non seulement bais- ser les prix du lait et du fromage, mais a aussi rendu le marché imprévisible. Si, auparavant, on savait réagir aux variations sai- sonnières, il n'est aujourd'hui plus possible de planifier les fluctuations. Malgré cela, les li- vraisons de lait atteignent de nouveaux records de quantité en 2015. Les marchés en expan- sion ont suscité des attentes qui ont stimulé la production avec, pour résultat, une hausse des stocks aussi bien dans les pays exportateurs qu'importateurs. Pour atteindre une stabilisation durable des prix, il faut suppri- mer ces surplus de beurre et de poudre de lait écrémé, ou les réduire à un minimum. En Alle- magne, on peut s'attendre à une augmentation de la demande dans un futur proche - une lu- eur d'espoir. Pour une économie laitière compétitive, l'évolution des marchés monétaires revêt une importance capitale. Alors

que l'UE profite de la situation actuelle, la Suisse, elle, en souffre.

Erhard Richards, Institut für Ernährungswissenschaft, Kiel.


Demande mondiale en hausse


L'UE a introduit des quotas en 1984 pour réagir aux montagnes de beurre et aux océans de lait. Mais 31 ans plus tard, l'offre et la demande régissent à nouveau le marché. L'UE est plutôt optimiste quant à la situation à moyen ter- me. Les habitudes alimentaires changent dans d'importantes ré- gions du monde et le lait apparaît sur la liste des courses. La Chine est ainsi devenue en peu de temps le plus grand importateur de pro- duits laitiers. Au niveau mondial, les importations ont augmenté de 2,1 %. C'est l'UE qui, en grande partie, répond à cette demande en hausse. La demande étant très fluctuante, il faut que les organi- sations de producteurs se mon- trent unies et concluent avec les transformateurs des contrats à aussi long terme que possible.

C'est l'unique voie vers la stabili- té. Les possibilités d'intervention de l'UE se limitent aux instru- ments d'intervention (achat de beurre et de poudre de lait). Ce filet de sécurité est déployé à un bas niveau et n'aura pas d'influence sur les lois du mar- ché. C'est pourquoi les mesures complémentaires de l'UE sont im- portantes, comme la promotion de l'entraide, les aides directes, la promotion des ventes et la poli- tique de recherche et d'innovation.

Carlos Martín Óvilo, DG Agriculture, Commission européenne, Bruxelles.


La Suisse au pied du mur?


D'ici 2018, nous saurons si une zone de libre-échange verra le jour entre l'UE et les États-Unis (TTIP). Le cas échéant, si la Suisse ne veut pas se retrouver isolée du monde économique, il ne lui restera guère d'autre possibilité que de se rallier à un accord de ce type. C'est la seule façon d'atténuer la pression d'une fuite économique indirecte. Si, en plus

de cela, les États-Unis et les pays d'Asie du Sud-Est ratifient défini- tivement un partenariat transpa- cifique (TPP), la pression généra- le sur la politique économique suisse sera fortement accrue. L'économie laitière suisse ne se- rait pas à l'abri de cette pression et des fluctuations. Toutefois, étant donné les procédures poli- tiques de longue haleine, il reste encore passablement de temps jusqu'à l'application effective d'un tel accord. L'ensemble de la filière doit maintenant profiter de ce temps pour se préparer sérieu- sement et avec réalisme à ces scé- narios afin de contrer la hausse de la concurrence, la baisse des prix et l'accélération des changements structurels. Économiquement parlant, une chose est claire: dans un tel scénario, le lait a de meilleures cartes à jouer que d'autres secteurs de la produc- tion agricole suisse.

Matteo Aepli, EPF Zurich


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