Après avoir perdu de plus de 6% hier, le titre Legrand perd encore 2,54% aujourd'hui, à 41,99 euros. L'action du spécialiste des infrastructures électriques et numériques du bâtiment affiche ainsi la plus forte baisse du CAC 40 ce vendredi et évolue à son plus bas niveau depuis janvier 2015. Les investisseurs se montrent donc toujours réticents à prendre position à l’achat sur le titre après les perspectives prudentes délivrées hier par Legrand.

Pour 2016, le groupe vise une évolution de ses ventes comprise entre -2% et +2% en données organiques. Legrand se fixe également un objectif de marge opérationnelle ajustée avant prise en compte des acquisitions (à périmètre 2015) comprise entre 18,5% et 19,5% du chiffre d'affaires.

Les analystes anticipent de leur côté une croissance organique de 2,3% et une marge opérationnelle ajustée de 19,9%. Ils estiment donc que les annonces de Legrand pourraient se traduire par une baisse de 5% du consensus 2016. Société Générale rappelle tout de même que le groupe est traditionnellement conservateur dans ses perspectives en début d'année.

Les objectifs fixés par Legrand ont donc relégué au second plan des résultats globalement en ligne avec les attentes. Certes, le bénéfice net du quatrième trimestre est ressorti à 134,4 millions d'euros, pour un consensus de 139 millions d'euros, mais le résultat opérationnel ajusté a progressé de 4,6% à 229,5 millions d'euros et le chiffre d'affaires a augmenté organiquement de 0,9% à 1,25 milliard. Les analystes attendaient un résultat opérationnel de 230 millions d'euros et une croissance organique de 0,7%.

Sur l'ensemble de l'exercice 2015, la tendance est la même. Legrand a livré une performance en ligne avec ses objectifs de croissance organique et de marge opérationnelle. La première est ressortie à 0,5%, pour une fourchette de prévision comprise entre -1 et +1%, et la seconde s'est élevée à 19,4% pour un objectif d'"au moins 19%".


AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Numéro un mondial de l’équipement électrique basse tension pour le bâtiment, avec 6 % des parts d’un marché très fragmenté ;
- Portefeuille complet, organisé en quatre divisions, le contrôle et la commande , le management du câble, la distribution d’énergie et le VDI/Dataco, les 2/3 des ventes provenant de produits n°1 ou 2 sur leurs marchés ;
- Chiffre d’affaires bien réparti entre l’Europe pour un peu plus de 50 %, l’Amérique du Nord, en passe de devenir le premier marché du groupe (23 % des ventes), et le reste du monde ;
- Développement sur le marché en pleine croissance de la domotique, avec une répartition à 50-50 des clients finaux, rénovation et construction neuve ;
- Réorganisation industrielle à partir de 7 unités stratégiques et d’une feuille de route technologique commune ;
- Capacité à maintenir ses marges malgré le recul des ventes grâce à une politique d'innovation générant un fort pouvoir de prix et à des positions dominantes, 68 % des ventes étant réalisées avec des produits n°1 ou 2 sur leurs marchés ;
- Compétitivité renforcée par le recul de l’euro contre le dollar ;
- Distribution aux actionnaires élevée avec un taux de 52,5 %.

Les points faibles de la valeur
- Forte exposition au ralentissement économique en Europe, notamment sur ses deux premiers marchés européens, la France et l’Italie (pays contributeurs à la moitié du bénéfice d'exploitation), compensé par les hausses des ventes en Amérique du nord, en Chine, en Inde et au Moyen-Orient ;
- 60 % des ventes réalisées dans le non-résidentiel, segment profitant plus tardivement de la reprise économique que le résidentiel ;
- Taux d’imposition réel supérieur à celui de ses concurrents, tels Schneider ou Assa Abloy’s ;
- Cherté de la valeur, avec un cours à plus hauts historiques, soit deux fois le prix d'introduction en 2006.

Comment suivre la valeur
- Risque de difficultés à maintenir une rentabilité élevée avec une faible croissance organique des ventes ;
- Nouvelle feuille de route RSE 2014-2018 au cœur de la stratégie ;
- Retombées du programme Eliot de déploiement de l’internet des objets, avec pour objectif de doubler à 40 le nombre de familles de produits connectables en 2020 ;
- Impact sur les résultats des acquisitions 2015 (Ratlan, KVM…), la croissance externe utilisant une enveloppe annuelle de 300 à 500 M€ ;
- Vers un exercice 2015 de transition, marqué par une stabilité des ventes, entre -3 % et + 2 %- et des marges opérationnelles entre 18,8 et 20,1 % ;
- Flottant très élevé (95,9 % du capital), d’où des rumeurs persistantes d’OPA.

Biens d'équipement
Le net ralentissement en Chine, deuxième économie mondiale, pèse lourdement sur les perspectives du secteur. Parallèlement, un changement de politique monétaire de la Fed, et la remontée des taux d'intérêt qui en découlerait, aurait des conséquences sur les investissements. Or le secteur des biens d'équipement dépend très directement de leur niveau. Néanmoins des facteurs positifs émergent, comme par exemple la stabilisation du modèle chinois, prévue par nombre d’analystes. En Europe, la reprise reste faible, même si elle semble bien engagée. Enfin, aux Etats-Unis, la politique monétaire menée par la Fed pourrait éviter de pénaliser la croissance. Les grands acteurs bénéficieraient d’autant mieux de la reprise, qu’ils ont réalisé d'importantes réductions de coûts ces dernières années, et qu’ils poursuivent la mise en oeuvre de plans stratégiques ambitieux.