Milan (awp/afp) - Le géant italien de la défense et de l'aéronautique Leonardo S.p.A. a annoncé mercredi qu'il verserait un dividende au titre de 2016, le premier en six ans, signe selon lui d'une "normalité retrouvée", et ce malgré la baisse de son bénéfice net.

Après l'annonce du versement de ce dividende, qui s'élèvera à 0,14 euro par action, le titre bondissait de 4,11% à 13,43 euros à la Bourse de Milan, dans un marché en hausse de 0,87% vers 15H00 GMT.

"Je suis particulièrement fier de présenter aujourd'hui à nos actionnaires une entreprise radicalement différente: plus transparente, plus agile, plus concentrée, plus efficace et avec une structure patrimoniale solide (...), une entreprise qui grâce aux résultats 2016 positifs (...) propose de nouveau la distribution de dividendes", s'est félicité son patron, Mauro Moretti, en évoquant "le signe d'une normalité retrouvée".

Sur l'année, son bénéfice net a reculé de 3,8%, à 507 millions d'euros. Hors transactions extraordinaires, il a plus que doublé, atteignant 545 millions d'euros, contre 253 millions en 2015, conformément à ce que le groupe avait annoncé le 23 février, lors de la publication de résultats préliminaires.

Leonardo, qui s'appelait jusqu'à l'année dernière Finmeccanica, a obtenu des commandes fermes pour 19,95 milliards d'euros en 2016, un chiffre conforme à ses prévisions et qui représente une hausse de 61,3% par rapport à 2015.

Leonardo bénéficie notamment de la signature, en avril dernier, d'un contrat pour la livraison de 28 avions Eurofighter Typhoon avec le ministère koweïtien de la Défense, pour une valeur de 7,95 milliards d'euros. Il s'agit du plus important contrat dans l'histoire du géant italien.

Ses ventes sont en revanche en berne. Elles ont chuté de 7,6%, à quelque 12 milliards d'euros, en raison notamment du recul de l'activité hélicoptères et de l'impact négatif du taux de change entre l'euro et la livre sterling.

- Réorganisation -

Le résultat d'exploitation (Ebitda) progresse lui de 2,2%, à 1,9 milliards d'euros, tandis que la dette est en baisse de 13,2% sur un an, à 2,8 milliards d'euros.

Pour 2017, le groupe prévoit un chiffre d'affaires en ligne avec l'an passé, soit autour de 12 milliards d'euros, et de nouvelles commandes s'élevant entre 12 et 12,5 milliards d'euros.

Leonardo entend par ailleurs réaliser de nouveaux progrès en terme de profitabilité. Il vise un Ebita entre 1,25 et 1,3 milliard d'euro, contre 1,252 en 2016.

Sa dette devrait poursuivre sa baisse, pour atteindre 2,5 milliards.

Lors de son audition devant une commission parlementaire le 7 mars, M. Moretti avait défendu son bilan, en expliquant avoir trouvé à son arrivée en 2014 "une situation très critique, pesante également économiquement".

Depuis trois ans, le groupe italien a engagé une importante transformation, qui l'a conduit à céder ses activités de transport pour se recentrer sur son coeur de métier: l'aérospatiale, la défense et la sécurité.

Il table sur une croissance moyenne annuelle de ses revenus de 3 à 5% entre 2017 et 2021, avec le maintien d'une forte structure patrimoniale et d'une flexibilité financière, grâce à une nette réduction de son niveau d'endettement.

Le gouvernement italien doit bientôt décider de la reconduite ou non à leurs postes de grands patrons de sociétés contrôlées en partie par l'Etat, comme Leonardo, la major pétrolière Eni et le géant de l'énergie Enel.

D'après la presse italienne, il est très probable que M. Moretti, malgré son bilan salué par les analystes, ne soit pas reconduit, en raison de sa condamnation fin janvier en première instance à sept ans de prison pour un accident de train ayant fait 32 morts en 2009 lorsqu'il était à la tête des chemins de fer italiens (FS).

Par ailleurs, 82 salariés ou dirigeants de l'ex-Finmeccanica --qui pour la plupart ne travaillent plus pour l'entreprise-- ont fait l'objet d'une mise en examen sur des soupçons notamment de détournements de fonds. Leonardo a souligné que la procédure concernait "des conduites liées à la gestion précédente", jusqu'à mai 2014, et a promis sa plus grande collaboration avec la justice.

afp/rp