Zurich (awp) - Lindt & Sprüngli a enregistré une croissance organique de 3,6% sur les six premiers mois de l'année, un chiffre largement en dessous des attentes du marché. Le chocolatier a évolué dans des conditions de marché "difficiles", notamment aux Etats-Unis. Les ventes devraient s'accélérer au deuxième semestre, mais la croissance organique est attendue en dessous de l'année dernière et non plus au même niveau comme précédemment annoncé, a indiqué la société mardi.

Le bénéfice net a augmenté de 5,7% à 76,3 mio CHF sur les six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) a progressé de 6,7% à 105,0 mio, pour une marge afférente en hausse de 20 point de base à 6,8%. Les ventes se sont inscrites en hausse de 3,1% à 1,55 mrd, correspondant à une progression de 3,6% en monnaies locales.

La croissance organique a été entravée par des ventes en repli de 3,0% à 558,1 mio CHF en Amérique du Nord. La région a subi les conséquences du réalignement de la filiale Russel Stover sur le marché du chocolat aux Etats-Unis, dont le rétablissement nécessite plus de temps qu'initialement prévu. Le repositionnement inclut la suppression de produits non rentables et l'introduction de nouveaux concepts, avec un relancement prévu de la gamme sans sucre au deuxième semestre. Le Canada a de son côté enregistré une hausse des ventes à deux chiffres.

Le groupe de Kilchberg s'attend d'ici l'année prochaine à une amélioration de la situation pour Russell Stover, rachetée en 2014, a indiqué à AWP le directeur général (CEO) Dieter Weisskopf. "Nous sommes très optimistes de réussir la réorientation de Russell Stover. Il nous faut du temps et nous le prendrons", a affirmé le patron.

Lindt & Sprüngli ne publie pas de données détaillées sur Russell Stover, mais le chiffre d'affaires devrait avoir chuté de 30% au premier semestre en raison de la cession d'activités non rentables, selon les analystes. En 2016, les recettes de la filiale américaine avaient déjà baissé de 10%.

En excluant les ventes en repli de Russel Stover, la croissance organique du groupe a atteint 6,6%, un chiffre en ligne avec les objectifs de croissance à moyen et à long terme de 6-8% par an, précise le communiqué.

Les résultats au premier semestre manquent les prévisions du consensus à tous les niveaux, mis à part la marge Ebit qui était attendue à 6,8%.

Les ventes ont dépassé la croissance du marché en Europe, avec une hausse de 6,0% à 759,8 mio CHF. Le chiffre d'affaires a fortement progressé sur les deux plus grands marchés européens du chocolat, en Allemagne et au Royaume-Uni ainsi qu'en Autriche et en Espagne. La croissance se fait également prometteuse sur les marchés plus récemment développés, en Russie, en Pologne et en République tchèque.

Le segment "reste du monde" a enregistré un solide développement sur les marchés émergents, en particulier au Brésil, en Chine, au Japon et en Afrique du Sud. Les bases sont désormais posées pour "poursuivre l'expansion", se félicite le chocolatier. Les ventes ont progressé de 14,0% à 230,8 mio CHF.

OUVERTURE DE 20 NOUVELLES BOUTIQUES

Au premier semestre, 20 nouvelles boutiques ont été ouvertes au Japon, au Canada et en Europe. L'objectif de 30 nouveaux magasins sur l'ensemble de l'année 2017 sera dépassé.

Si les objectifs à long terme ont été confirmés, à savoir une hausse de 20 à 40 points de base de la marge Ebit et une croissance organique comprise entre 6% et 8%, la direction est apparue plus réservée sur les prévisions pour l'année en cours.

Alors que la croissance organique était auparavant attendue à un niveau similaire à celui de 2016, elle est désormais anticipée légèrement en-dessous, notamment en raison de la situation en Amérique du Nord.

La rentabilité devrait toutefois être améliorée, la marge opérationnelle étant attendue en hausse. La société est confiante de réussir à faire mieux que la croissance moyenne du marché.

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) fait confiance à la direction pour remettre sur pied Russel Stover à moyen terme. Les analystes estiment qu'une forte correction du cours constituerait une bonne opportunité pour acheter le titre, dans la mesure où le plus-bas de la croissance a certainement été atteint au premier semestre.

Baader Helvea évoque un "net repli" pour Russell Stover, le second consécutif après l'année dernière. Les analystes se demandent si l'acquisition, chère, était véritablement le bon choix stratégique. Les résultats au premier semestre interrogent, d'autant plus que les prix des matières premières et les effets du calendrier étaient plutôt favorables.

A la Bourse suisse, la performance de Lindt & Sprüngli n'a pas convaincu. La nominative cédait 2,1% à 63'900 CHF dans un SLI en hausse de 0,75%, tandis que le bon de participation lâchait 1,7% à 5300 CHF dans un SPI en hausse de 0,68%.

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