Les cours pétroliers restent fermement orientés à la hausse depuis le début de l’année, en atteste la progression du Brent, qui s’adjuge plus de 30% en 2019. Si cette performance peut paraître à première vue incroyable, il ne s’agit finalement que d’un retracement de la chute des cours enregistrée sur le dernier trimestre 2018, lorsque le Brent culminait à près de 85 USD le baril.

Ce parcours ascensionnel est évidemment à mettre au crédit des efforts de l’OPEP+, dont les membres demeurent toujours engagés dans une politique volontariste de réduction de l’offre. La production de l’organisation a ainsi drastiquement diminué sur le mois de mars, une baisse saluée par le marché, mais qui reste en partie alimentée par le déclin de la production iranienne et vénézuélienne, en proie à des sanctions US. A cela se greffent des facteurs géopolitiques susceptibles de perturber davantage l’offre mondiale, à l’image des conflits armés en Lybie opposant les troupes du maréchal Khalifa Haftar au gouvernement d’union nationale, formé sous l’égide de l’ONU.

Pour autant, les incertitudes ne manquent pas et tendent même à se multiplier. En premier lieu, les interrogations fusent quant à la nécessité pour l’OPEP et ses partenaires de prolonger les accords de production. Les principaux intéressés se réuniront pour en débattre qu’à la fin du mois de juin, mais il y a fort à parier que des déclarations d’officiels animeront ce débat dans les prochaines semaines. A ce titre, la Russie a d’ores et déjà lancé les hostilités, le ministre des finances ayant évoqué une potentielle hausse de la production nationale pour juin.

Au-delà de l’OPEP+, les opérateurs scrutent attentivement « le miracle des schale oil », la production américaine ne cessant de franchir de nouveaux paliers. En dépit du recul du nombre de forages en activité, la production des Etats-Unis s’élève à un nouveau record, celui de 12.2 millions de barils par jour (mbj). L’administration de l’information sur l’énergie (EIA) voit cet essor se poursuivre, notamment grâce au poids croissant du bassin permien (bassin à cheval entre le Texas et le Nouveau-Mexique), et table sur une production US de 13.1 mbj en 2020.

Enfin, la dernière inconnue majeure concerne la demande. Les signes d’affaiblissement de la croissance mondiale pourraient effectivement faire pression sur la demande, c’est du moins ce que révèle l’agence internationale de l’énergie (AIE) dans son dernier rapport.

Graphiquement, en données hebdomadaires, le rebond technique du début d’année s’est transformé en véritable retournement de tendance, élément confirmé par le retournement des moyennes mobiles hebdomadaires. La tendance apparait ainsi toujours haussière bien qu’à ce stade, des risques de consolidation ne sont pas à exclure. A ce titre, une première alerte baissière se matérialiserait en cas de franchissement à la baisse du support à 70 USD.