Le vote de la nouvelle Directive européenne sur la qualité des carburants a été reporté par les représentants des gouvernements nationaux la semaine dernière, face aux pressions exercées par le Canada et à celles qui émaneraient des Britanniques. Début octobre, la Commission européenne avait voté le texte à la quasi-unanimité, ce qui avait fortement déplu au ministre canadien des Ressources naturelles, Joe Oliver.

La Directive inclut désormais les carburants non conventionnels, comme les sables bitumineux, avec une valeur par défaut de gaz à effet de serre de 107 grammes d'équivalent CO2 par mégajoule, au-dessus de celle du pétrole brut (87,5 grammes CO2 eq/MJ). L'objectif européen est de mieux prendre en compte les dégâts qu’ils ont causés sur l’environnement. Le schiste bitumineux est également visé, avec 131,3 CO2 eq/MJ, tout comme le charbon liquéfié (172 CO2 eq/MJ). Mais pour Joe Oliver, il ne devrait y avoir aucune différence : "Le brut extrait des sables bitumineux est un pétrole brut lourd avec des émissions de GES et des propriétés chimiques semblables à d’autres pétroles bruts lourds trouvés et produits partout dans le monde et actuellement utilisés en Europe".

De nombreux Etats membres de l'Union européenne souhaiteraient ainsi une nouvelle étude concernant "l'impact des approvisionnements en énergie sur les prix, la compétitivité et la sécurité" intérieurs, a expliqué un diplomate à Euractiv, le site d'information européen. A la veille du vote, la Grande-Bretagne avait proposé un compromis, basé sur le cycle de vie des hydrocarbures et non sur une différenciation en fonction de leur composition chimique. Par conséquent, trois catégories seulement seraient retenues et aucune distinction n'existerait plus entre les sables bitumineux et le gaz de schiste.

Mais pour Franziska Achterberg, spécialiste des transports auprès de Greenpeace Europe, cela pourrait ajourner sine die le processus de régulation. "Pour déterminer le cycle de vie des divers combustibles pétroliers et donc leurs émissions de gaz à effet de serre selon la chaîne d’approvisionnement, cela pourrait nécessiter des années de recherche. Dans tous les cas, l'éventuel approbation de la Directive ne pourra plus intervenir avant les prochaines réunions du Comité européen "Qualité des carburants", où se retrouvent les représentants des 27, prévues les 2 décembre prochain et 19 janvier 2012. L'UE s'est engagée à réduire l'empreinte carbone de ses carburants de 6% au cours de la décennie.