Le café est la matière première la plus échangée dans le monde après le pétrole. Ce commerce est emblématique de la mondialisation puisque sa production se fait exclusivement au sud, tandis que sa transformation et sa commercialisation s’effectuent très largement dans les pays du Nord. Il existe une centaine de variétés de caféiers, néanmoins les plus répandues demeurent les Arabicas et les Robustas. Ces deux variétés présentent chacune des caractéristiques qui leurs sont spécifiques en termes de finesse, d’arôme et de teneur en caféine, et sont donc légitimement cotées de manière distinctes. Il n’en demeure pas moins que ces deux variétés restent soumises aux mêmes problématiques et sont par conséquent fortement corrélées.

Le dernier sommet des producteurs a ravivé l’intérêt des acheteurs, les participants martelant que l’offre mondiale sera moins abondante que la demande. Selon l’Organisation Internationale du Café (OIC), 151,3 millions de sacs de café (unité représentant environ 60kg) ont été consommés entre octobre 2015 et septembre 2016, représentant un déficit de 3,3 millions de sacs. Par conséquent, les producteurs puisent dans leur réserve pour répondre à cette demande. Celle-ci s’inscrit en hausse continue de 1,3% par an en moyenne, rythme auquel l’offre peine à suivre.

La thématique du réchauffement climatique prend par ailleurs de plus en plus d’ampleur et inquiète les producteurs. Le café est très sensible aux légères variations de température, le danger est donc de taille puisqu’il menace l’ensemble des pays producteurs. La hausse des températures favorise le développement de maladies touchant les caféiers, augmentant tangiblement les coûts de production des producteurs, qui disposent d’une moindre marge de manœuvre pour investir dans leur ferme. In fine, c’est la rentabilité de l’ensemble des producteurs qui est affectée, d’autant plus que près de 70% de la production de café reste assurée par de petits producteurs sensibles à ces problématiques.

José Sette, directeur exécutif de l’OIC a affirmé que ce cercle vicieux pourrait entrainer une division par deux des surfaces cultivables destinées au café d’ici 2050. En d’autres mots, le marché du café fait face à des défis pouvant profondément le bouleverser dans les prochaines années. C’est pourquoi un Plan d’action a été dressé, réunissant l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur, pour faire face à ces difficultés communes.

Dans ce contexte, le marché est actuellement piloté par le déploiement des stocks. Ces derniers baissent dans la plupart des pays producteurs, ou du moins se stabilisent, alors qu’ils augmentent sensiblement dans les bassins de consommation. Les stocks américains ne cessent de grimper pour se hisser à des niveaux record datant de 16 ans à 7,3 millions de sacs, traduisant l’inquiétude des consommateurs finaux qui ne négligent pas les risques de pénuries.
En ce qui concerne spécifiquement le marché du Robusta, les prochains catalyseurs majeurs seront à chercher du côté du Vietnam, premier exportateur de Robusta dont la saison des récoltes débutera fin novembre.

D’un point de vue chartiste, les cours du Robusta côtés à Londres s’attaquent à une résistance majeure qui limite le potentiel d’appréciation à 2250 USD la tonne. En données mensuelles, les prix du café évoluent depuis dix ans au sein d’un large triangle symétrique dont les bandes de fluctuations deviennent de plus en plus étroites. Le regroupement des moyennes mobiles mensuelles relève le caractère explosif de cette configuration en cas de sortie de cette figure qui pourrait s’accompagner d’un regain de volatilité en direction des plus hauts de 2008.
 


Evolution des cours du café Robusta en données mensuelles