PARIS (Agefi-Dow Jones)--Nelson Peltz a perdu son pari de se faire une place au conseil d'administration de Procter & Gamble. En conclure que l'activisme actionnarial, dont il est un emblématique représentant, subira pour autant un coup d'arrêt serait une erreur.

L'année 2017 a déjà marqué sur ce sujet un incontestable tournant : selon des chiffres compilés par la banque Lazard et cités par le Financial Times, les fonds activistes ont investi au cours des trois premiers trimestres de l'année 45 milliards de dollars dans les grandes entreprises cotées, soit davantage qu'au cours de toute l'année 2016.

Cette campagne sans précédent s'est d'ailleurs déjà soldée par des victoires signalées : c'est ainsi que chez General Electric, le même Nelson Peltz a fait coopter un représentant de son fonds, Trian, par le conseil. Il est vrai que l'offensive du légendaire investisseur septuagénaire coïncide avec la grande lessive que paraît vouloir engager le nouveau patron de GE, John Flannery.

Chez Honeywell, si le fonds Third Point n'a pu obtenu que la division aéronautique soit scindée, le groupe industriel n'en a pas moins dû tenir compte de ses exigences. Son pôle pièces détachées automobiles ainsi que deux activités de domotique seront donc cotées séparément.

Le mouvement est certes moins puissant en Europe mais il s'y renforce. De grands fonds y ont aussi récemment marqué leur goût pour l'industrie : Elliott chez le laboratoire allemand Stada, Cevian chez Rexel ou TCI chez Safran en France.

Compte tenu de leurs moyens importants, car ils ont beaucoup collecté, leurs offensives devraient se multiplier. Les entreprises, industrielles ou pas, dans des secteurs en quête de restructuration, peuvent se préparer à leur encombrant intérêt.

-Philippe Mudry, Directeur des rédactions de L'Agefi ed: ECH

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