(Actualisation: déclarations supplémtaires du LSE, contexte)

LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Le projet de fusion entre Deutsche Börse (>> Deutsche Boerse AG) et London Stock Exchange Group (>> London Stock Exchange Group Plc), qui créerait le premier opérateur boursier européen, est menacé, la Bourse de Londres ayant annoncé dimanche soir qu'elle ne céderait pas sa plateforme de trading obligataire en Italie pour apaiser les inquiétudes des autorités de la concurrence.

Les opérateurs boursiers ont proposé en février de céder LCH SA, la branche française de la chambre de compensation du LSE, à leur concurrent Euronext (ENX.NV) pour 510 millions d'euros, afin d'obtenir le feu vert de la Commission européenne à leur fusion. Les deux groupes pensaient que cette concession serait suffisante pour apaiser les inquiétudes des régulateurs au sujet de la part du marché des services de compensation de dérivés et de certains autres produits détenue par l'entité fusionnée.

Cependant, la Commission européenne a signalé que cette initiative ne serait pas suffisante pour mettre fin à la position dominante du nouvel ensemble dans le trading d'obligations et de mises en pension, ou "repos", sur le marché italien. Le LSE a déclaré que Bruxelles souhaitait qu'il vende sa participation majoritaire dans MTS SpA, une plateforme de trading électronique pour les obligations souveraines européennes et autres titres à revenu fixe. Cette activité en fait une société régulée d'importance systémique en Italie.

Une solution alternative rejetée par Bruxelles

Le LSE a rejeté cette proposition, en affirmant que ces activités en Italie représentaient une importante source de revenus et de bénéfices et qu'une cession endommagerait la relation du groupe avec les régulateurs de valeurs mobilìères en Europe. Le LSE et Deutsche Börse ont proposé une solution alternative, ainsi que la cession de LCH SA, mais la Commission a rejeté cette proposition.

"Après avoir pris tous les éléments concernés en compte, et agissant dans l'intérêt de ses actionnaires, le conseil d'administration du LSE a conclu ce jour [dimanche] qu'il ne pouvait s'engager à céder MTS", a indiqué la Bourse de Londres dans un communiqué.

Un porte-parole de la Commission a refusé de commenter. Un porte-parole du LSE n'a pas souhaité s'exprimer au-delà du communiqué publié par le groupe. Un porte-parole de Deutsche Börse n'était pas disponible dans l'immédiat pour apporter un commentaire.

Une fusion controversée en plein Brexit

Le LSE et Deutsche Börse devront sortir de l'impasse avec la Commission pour finaliser leur fusion controversée. En outre, la possibilité d'installer le siège social de la nouvelle entité à Londre fait débat. Certains responsables politiques et lobbies allemands soutiennent que le siège social devrait se trouver à Francfort, où Deutsche Börse est basé, en raison du projet du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne.

Le LSE n'abandonne toutefois pas le projet de fusion à ce stade et a déclaré qu'il "continue[rait] de prendre les mesures nécessaires pour la mise en oeuvre de cette fusion". Ensemble, Deutsche Börse et le LSE disposeraient d'une capitalisation boursière de l'ordre de 26,5 milliards d'euros.

Cependant, le groupe britannique a laissé entendre qu'il était prêt à renoncer au projet si nécessaire. Le conseil d'administration du LSE "a une grande confiance dans la vigueur de [son] activité, de [sa] stratégie et de [ses] perspectives en tant qu'entité indépendante" sous la houlette de l'équipe dirigeante actuelle, a affirmé la Bourse de Londres dans son communiqué.

Le LSE publiera ses résultats préliminaires le 3 mars.

-Ben Dummett, The Wall Street Journal

(Version française Valérie Venck et Aurélie Henri) ed: ASO - VLV

Valeurs citées dans l'article : Deutsche Boerse AG, London Stock Exchange Group Plc