Berlin (awp/afp) - La compagnie aérienne Niki, filiale d'Air Berlin en quête de repreneur, se retrouve au bord de la faillite après la désistement mercredi du géant allemand Lufthansa et place désormais ses espoirs dans une possible offre de son fondateur, l'ancien champion de Formule 1 Niki Lauda.

Mastodonte du transport aérien via ses multiples filiales (Lufthansa, Eurowings, Swiss, Austrian et Brussels Airlines), Lufthansa a choisi de renoncer à Niki dans l'espoir de convaincre les autorités de la concurrence à Bruxelles d'entériner le rachat d'autres activités d'Air Berlin, compagnie berlinoise en faillite.

"Lufthansa a informé Air Berlin et ses administrateurs judiciaires de son intention de poursuivre la transaction prévue sans le rachat de Niki", a indiqué la société mercredi dans un communiqué.

Le groupe allemand comptait initialement s'offrir plus de la moitié des avions et un tiers du personnel d'Air Berlin, mais une telle domination sur le ciel européen ne semble pas du goût de Bruxelles.

En renonçant au rachat de la vingtaine d'appareils de l'autrichien Niki, Lufthansa pourrait satisfaire aux exigences européennes mais laisse sur le carreau le millier de salariés de cette compagnie low-cost que Niki Lauda avait créée en 2003.

L'homme d'affaires de 68 ans, qui avait cédé la totalité de ses parts à Air Berlin en 2011, pourrait de nouveau jouer un rôle clef pour la compagnie dans la course contre la montre qui s'engage en vue de son sauvetage.

Quelques heures après le désistement de Lufthansa, Niki a demandé son placement en insolvabilité à un tribunal de Berlin tandis que le triple champion du monde de F1 a annoncé être "intéressé" par son rachat.

"Je vais m'en occuper", a-t-il déclaré à l'agence autrichienne APA, se disant prêt à une éventuelle reprise en solo.

M. Lauda avait formulé en septembre, avec le britannique Condor, une offre de reprise de 100 millions d'euros pour Niki, mais celle-ci avait été écartée au profit de Lufthansa.

- "Eviter le chaos" -

Le gouvernement allemand, critiquant en creux l'intransigeance de Bruxelles, s'est pour sa part montré pessimiste sur l'avenir de Niki: "Jusqu'à présent, aucun repreneur alternatif n'est disponible", selon Steffen Seibert, porte-parole de la chancelière Angela Merkel.

Il a ajouté que le retrait de Lufthansa va entraîner "l'insolvabilité et la cessation d'activité" de Niki.

La Commission européenne a jugé "regrettable" le désistement de Lufthansa, soulignant qu'elle n'était pas "le seul résultat possible" des délicates tractations menées dans ce dossier, dans lequel le gouvernement allemand s'est particulièrement impliqué.

"Il faut empêcher les avions d'être cloués au sol" du jour au lendemain, s'est alarmé Johannes Schwarcz, patron du syndicat autrichien des transports et des services Vida.

Le ministre autrichien des Transports a également réclamé une solution d'urgence pour la préservation de l'emploi et afin "d'éviter le chaos" pour les voyageurs en pleine période de fêtes.

Non soumise à la procédure d'insolvabilité d'Air Berlin engagée cet été, et dont les avions ont cessé de voler dès l'automne, Niki a jusqu'à présent continué de fonctionner grâce à l'argent de Lufthansa.

Aucune annulation de vol n'est prévue à ce stade suite à l'annonce du désistement de Lufthansa, indiquait mercredi soir la plateforme d'assistance et d'information de Niki.

A Berlin, l'administrateur judiciaire de Niki s'est prudemment contenté d'indiquer qu'il "examinait actuellement les alternatives" pour une poursuite d'exploitation de la compagnie.

En plus de l'abandon de Niki, Lufthansa propose, pour lever les réserves de Bruxelles, de renoncer à "un certain nombre de créneaux" appartenant à LGW, une autre filiale d'Air Berlin. Le groupe allemand estimait avoir déjà présenté "des concessions" en renonçant notamment à des créneaux d'atterrissage et de décollage.

Avant de renoncer à Niki, Lufthansa proposait de racheter 81 appareils sur la flotte d'environ 140 avions d'Air Berlin. L'exécutif européen a jusqu'au 21 décembre pour donner son autorisation dans ce dossier.

La Commission a autorisé mardi l'acquisition par la compagnie britannique Easyjet d'autres actifs d'Air Berlin, soit 25 appareils repris pour 40 millions d'euros sur l'aéroport berlinois de Tegel, ainsi que les liaisons court-courrier correspondantes.

afp/al