Berne (awp/ats) - "Il n'est pas possible de réaliser une montre-téléphone qui soit 'Swiss made'". Fort de ce constat, Jean-Claude Biver, patron du pôle horloger du groupe de luxe français LVMH, a incité la Fédération horlogère à réviser les critères du label dans ce cas particulier.

Actuellement, TAG Heuer propose une montre connectée de "luxe", fruit d'une alliance avec les américains Google et Intel, au prix de 1400 francs suisses. La "Carrera Connected" ne bénéficie pas du label "Swiss made" mais les premiers modèles arboraient un "Swiss engineered".

Mais "pour les marques établies comme la nôtre, je crois que les gens se moquent qu'il soit marqué 'Swiss made' ou non sur le cadran d'une montre connectée", a répété M. Biver samedi dans un entretien avec "Le Temps."

Le patron du pôle horloger du groupe de luxe français LVMH (TAG Heuer, Hublot, Zenith) a toutefois demandé à la Fédération de l'industrie horlogère suisse (FH) de réviser les critères du label dans le cas de ces montres-là. Celle-ci lui a répondu qu'elle allait étudier la question, selon M. Biver.

C'est que ce dernier a tourné le problème dans tous les sens. "Il faut trois choses: un écran tactile, un système d'exploitation et un microprocesseur" pour concevoir une montre intelligente. Selon lui, si le premier élément est facilement trouvable en Suisse, les deux autres posent problème.

"Pour le système d'exploitation, nous pourrions bien sûr demander à n'importe quel étudiant de l'EPFL de nous en concevoir un, mais le problème, c'est que les trois quarts de la planète utilisent déjà Android (Google) ou iOS (Apple)", fait valoir M. Biver. Quant aux microprocesseurs, ils sont développés la plupart du temps par des ingénieurs américains, note-t-il. L'un des éléments de l'équation ne sera donc pas suisse.

La marque a décidé d'ouvrir une antenne dans la Silicon Valley "dès cet été", a-t-il annoncé dans les colonnes du journal romand. "Ne pas être là-bas, pour nous, ce serait comme prétendre faire de la mode et ne pas être à Milan ou Paris", image-t-il.

Cette arrivée en terre californienne ne remet pas en cause l'installation d'une première chaîne de montage de microprocesseurs avec l'américain Intel dans les Montagnes neuchâteloises. Jean-Claude Biver rappelle "que Tag Heuer va engager entre 30 et 50 personnes" à La Chaux-de-Fonds. "Rien qu'avec cela, nous allons créer des emplois et effectuer un transfert de technologie en Suisse".

ats/rp