Contrairement à son concurrent Rémy Cointreau, qui a fait état d'une reprise de ses ventes entre janvier et mars, Pernod Ricard évoque des tendances toujours difficiles en Chine, où ses ventes accusent une baisse de 10% sur neuf mois, laissant penser que le groupe perdrait des parts de marché par rapport à ses concurrents.

Pernod y reste très pénalisé par une chute de ses ventes de whisky et, pour son cognac Martell, les ventes aux grossistes ont progressé de 1% sur neuf mois en volume mais sont restées négatives en valeur.

Martell est le numéro un du cognac en Chine, avec une part de marché estimée à 42% par Euromonitor.

"Les incertitudes demeurent sur le calendrier et l'ampleur de la reprise du marché en Chine", a déclaré à Reuters Gilles Bogaert, directeur financier du groupe de vins et de spiritueux, disant tabler pour l'ensemble de l'exercice sur un recul des ventes compris entre 9% et 10% à changes constants.

Lors du précédent exercice, le groupe avait limité à 2% la baisse de ses ventes en Chine.

Ces chiffre sont sanctionnés par le marché et le titre Pernod Ricard accuse une chute de 5,9% à 97,58 euros à 11h38 dans des volumes étoffés. Il affiche la plus forte baisse de l'indice SBF 120 dans un marché quasiment inchangé (-0,06%).

"L'Asie a été largement inférieure aux attentes", soulignent les analystes d'UBS dans une note.

MIEUX QU'ATTENDU AUX ETATS-UNIS

A l'inverse, Pernod a fait mieux qu'attendu aux Etats-Unis, son premier marché comptant pour 17% de son chiffre d'affaires, avec une croissance organique de 7% sur neuf mois tirée par des le whisky irlandais Jameson et par Martell (sur une base cependant peu élevée) dans un marché où l'engouement pour les alcools bruns ne se dément pas.

Le groupe, qui s'est fixé pour objectif de moyen terme de parvenir à une croissance organique de 5% aux Etats-Unis, anticipe pour cette année une progression comprise entre 3% et 4% à changes constants.

Très surveillée, la vodka Absolut s'est "quasiment stabilisée en volume" mais reste en "légère baisse" en valeur.

Le groupe a engagé un plan de relance de sa marque phare aux Etats-Unis, passant par un recentrage de sa gamme, des investissements publicitaires accrus mais aussi des baisses de prix.

Il a passé une dépréciation de 404 millions d'euros sur sa vodka suédoise l'an dernier et s'est donné trois à cinq ans pour en stabiliser les ventes aux Etats-Unis.

La dynamique a résisté en Europe de l'Ouest (+1% sur neuf mois) et de l'Est (+3%), grâce à un solide troisième trimestre en Russie pour cause de base de comparaison favorable.

Au total, les ventes du groupe ont reculé de 3% à 1,855 milliard d'euros de janvier à mars (consensus de 1,90 milliard).

A changes constants, la croissance organique a décéléré à 1% (après +4% au trimestre précédent), contre +1,3% attendu.

La baisse est cependant moins marquée si l'on compare ce chiffre avec les 2% de croissance organique du trimestre précédent, corrigée des effets du nouvel an chinois qui, plus précoce cette année, avait avancé les expéditions de cognac.

Le groupe a confirmé sa prévision d'une croissance organique de 1% à 3% du résultat opérationnel courant 2015-2016

(Edité par Dominique Rodriguez)

par Pascale Denis

Valeurs citées dans l'article : LVMH, PERNOD RICARD, Rémy Cointreau