Comme ses concurrents, LVMH a été confronté à une chute en Chine des ventes de cognac liée aux mesures anti-corruption de Pékin, aux remous politiques de Hong Kong et à un plongeon des flux touristiques russes.

Dans ce contexte, "LVMH a signé un bon millésime", a déclaré son PDG, Bernard Arnault, lors de la présentation des résultats annuels, se disant "relativement confiant sur l'évolution globale des affaires en 2015", grâce notamment aux effets de la baisse de l'euro sur les ventes du groupe.

Le chiffre d'affaires de LVMH, également propriétaire de Bulgari, Céline, Moët & Chandon, Guerlain ou Sephora, a totalisé 30,64 milliards d'euros (+6% en données publiées), un chiffre légèrement supérieur aux 30,5 milliards attendus.

La croissance organique, ramenée à 5%, a accusé sa plus faible performance depuis 2009, où les ventes avaient reculé de 4%.

La progression des ventes a été solide en 2014 aux Etats-Unis (+8%) et au Japon (+8%), tandis qu'elle a fléchi de 1% en Asie et progressé modestement de 3% en Europe, pour cause notamment de chute du rouble.

Le résultat opérationnel courant de 5,715 milliards d'euros, inférieur aux 5,84 milliards du consensus Thomson Reuters I/B/E/S, a reculé de 5%, après un lourd impact de change de 280 millions d'euros, mais aussi plombé par le cognac et le pôle montres-joaillerie, où la restructuration de Tag Heuer a contrebalancé les bons résultats de Bulgari.

LOUIS VUITTON ACCÉLÈRE

Au total, la rentabilité opérationnelle du groupe a fortement reculé à 19%, contre 20,7% en 2013

La croissance organique a néanmoins accéléré la cadence au dernier trimestre, à 5% contre +2% attendu, grâce à une fin d'année moins mauvaise que prévu dans les vins et les spiritueux et une meilleure performance de la division mode-maroquinerie, qui loge Louis Vuitton.

"La fin d'année d'année a été bonne pour Louis Vuitton, grâce aux nouveaux produits et à une forte croissance du marché américain", a déclaré Bernard Arnault.

Le malletier, qui compte pour près de la moitié du résultat opérationnel du groupe, semble piloter avec succès le délicat calibrage de son offre, entre ses sacs monogrammes d'entrée de gamme - qui ont été mis en valeur par une campagne pour des modèles dessinés par une poignée de célébrités - et les produits en cuir positionnés sur le haut de gamme.

Une amélioration de sa dynamique aux Etats-Unis et en Europe lui a permis de limiter la baisse de ses ventes à Hong Kong et Macao. Par ailleurs, malgré une croissance organique ralentie aux environ de 3% sur l'ensemble de l'année, la griffe a maintenu, aux dires du groupe, son "exceptionnelle rentabilité", estimée à plus de 40% par les analystes.

"Dans l'ensemble, les résultats sont plutôt bons et il semble que la 'cure' entreprise chez Vuitton soit en train de porter ses fruits", souligne Luca Solca, analyste d'Exane BNP Paribas, pour qui le marché devrait se focaliser sur les effets de change positifs à attendre pour 2015 sur les ventes et le résultat.

Dans le cognac (-1% au 4e trimestre), la très bonne tenue du marché américain a permis de compenser le plongeon des ventes en Chine. Hennessy, qui n'a commencé à déstocker qu'en avril, plus tard que ses concurrents Rémy Martin ou Matell (Pernod Ricard), subit encore de plein fouet l'apurement des stocks de ses grossistes, alors que Rémy Cointreau a renoué avec la croissance de ses ventes en fin d'année.

Le groupe a dit prévoir un premier trimestre 2015 encore difficile et un rebond "vers la fin du deuxième trimestre et certainement au deuxième semestre".

Le résultat net a grimpé de 64% à 5,65 milliards d'euros grâce à une plus value nette de 2,7 milliards d'euros sur la cession des titres Hermès intervenue dans le cadre de l'accord de paix signé entre les deux groupes en septembre.

Le dividende proposé est en hausse de 3% à 3,20 euros.

LVMH a également indiqué avoir passé 240 millions d'euros de dépréciations, pour "nettoyer certains petits actifs", selon le directeur financier, Jean-Jacques Guiony.

(édité par Gilles Guillaume)

par Pascale Denis