PARIS (AFP) -- Les salariés du Parisien/Aujourd'hui en France ont réclamé jeudi à leur futur repreneur, LVMH, qui négocie le rachat des deux titres, des garanties sur le maintien de l'emploi et de leurs conditions de travail, dans une motion transmise à l'AFP.

Réunis en AG jeudi à l'appel de l'intersyndicale, ils ont estimé qu'"alors que depuis 5 ans, les salariés paient déjà le prix élevé des restructurations" il ne doit y avoir "aucune suppression d'emploi" et que "tout départ (notamment par la clause de cession) doit être compensé par une embauche en CDI".

Ils réclament aussi "le maintien des éditions papier, de leurs heures de bouclage (...), de leur pagination, et de toutes les éditions départementales".

Les salariés du groupe de presse demandent aussi qu'il n'y ait "aucune remise en cause des accords collectifs, notamment celui régissant le temps de travail". Autres revendications, une "augmentation générale des salaires" et la "garantie de l'indépendance éditoriale" de leurs titres.

Alors que le groupe Amaury a prévu de fermer l'imprimerie de Saint-Ouen, ils réclament le "maintien du potentiel industriel et de son personnel dans les imprimeries".

"Nous mandatons les organisations syndicales pour rencontrer le nouvel actionnaire dans les meilleurs délais", conclut la motion, qui a été adoptée jeudi à une quasi-unanimité.

Interrogé mercredi par l'AFP, Matthieu Pelloli, président de la SDJ du Parisien, a estimé pour sa part que ce rachat est un "saut dans l'inconnu".

"Il y a plein de points d'interrogation. C'est vraiment une rupture culturelle, ça faisait 70 ans qu'on appartenait au groupe Amaury, qui est spécialisé dans les médias. Là on va faire partie d'un grand groupe qui possède des marques puissantes, donc évidemment qu'il y aura des problématiques éditoriales qui vont se poser : de quelle façon on va parler de ces marques? qu'est-ce que ça va changer sur la ligne éditoriale, alors qu'il y a une présidentielle" en 2017, s'est-il interrogé.

"Il y a une vigilance très grande de la part de la rédaction car on connaît les liens qui existent entre Bernard Arnault et un certain nombre de personnages politiques, Nicolas Sarkozy notamment. Mais il n'y a pas de procès a priori", a-t-il ajouté.

Mais "il y a une forme de soulagement de voir qu'on est repris par un groupe qui est puissant, qui vraisemblablement a envie de faire quelque chose du journal. C'est pas quelqu'un qui nous achète pour nos désosser", a-t-il commenté.