Hennessy, numéro un mondial du cognac et troisième contributeur au profits du groupe LVMH derrière Louis Vuitton et Sephora, réalise un chiffre d'affaires estimé par les analystes à 2,2 milliards d'euros.

Au troisième trimestre, ses ventes ont baissé en volume pour cause de pénurie de stocks dans la catégorie "VS" (eaux-de-vie les plus jeunes et les moins chères) après une explosion des ventes aux Etats-Unis au cours des dernières années.

L'approvisionnement est aussi pénalisé par les mauvaises récoltes de 2016 et 2017 dues aux intempéries, dont les effets doivent être lissés dès aujourd'hui afin d'éviter de trop gros problèmes de stocks dans les deux ou trois ans à venir.

Le groupe a dit tabler sur une normalisation de la croissance en volume autour de 3% à 4% au cours des trois ou quatre prochains trimestres.

Les ventes de "VS", dont le prix de vente oscille autour de 35 dollars la bouteille, comptent pour environ la moitié du chiffre d'affaires de la marque.

"Nous allons essayer de combler le produit pour lequel nous avons le plus de demande, le 'VS' (...) Je suis convaincu que d'ici un an ou deux nous allons y arriver", a dit Bernard Arnault mercredi à la presse à l'occasion de l'inauguration d'un nouveau site d'embouteillage à Cognac (Charentes).

Pour assurer sa croissance future, Hennessy plaide pour une extension des surfaces plantées.

"Il y a certainement des terres qui sont dans la dénomination et qui ne sont pas encore utilisées comme vignobles", a-t-il déclaré.

NOUVELLES TECHNIQUES D'EMBOUTEILLAGE

Les professionnels du cognac sont convenus cet été de planter 800 hectares en 2017 pour répondre à l'explosion de la demande à l'exportation et pourraient valider en fin d'année une nouvelle extension de plus de 1.000 hectares.

Hennessy, qui pèse pour la moitié du marché, travaille avec quelque 1.600 viticulteurs.

Les catégories supérieures de Hennessy, VSOP et XO, opèrent quant à elles un vif rebond en Chine après les années de baisse liées aux mesures anticorruption de Pékin.

Ses concurrents Martell, propriété de Pernod Ricard et Rémy Martin (groupe Rémy Cointreau) voient eux aussi leurs ventes décoller dans le pays.

Le directeur financier de Rémy Cointreau, Luca Marotta, a qualifié la pénurie de stocks chez Hennessy d'"opportunité", même si Rémy Martin est totalement sorti du "VS" pour se positionner uniquement sur les eaux-de-vie haut de gamme.

Gilles Bogaert, directeur financier de Pernod Ricard, a quant à lui déclaré que le groupe était "très satisfait" de ses niveaux de stocks, qu'il a jugés "adaptés à la future croissance de Martell".

Hennessy, qui produit près de huit millions de caisses de neuf litres par an, devrait porter ses capacités à 10 millions de caisses dans quelques années grâce à son nouveau site d'embouteillage, qui a fait l'objet d'un investissement de 100 millions d'euros.

Ce site, outre ses capacités accrues, devrait également améliorer la qualité du cognac et pourrait permettre ainsi à Hennessy de relever ses prix.

Le remplissage des bouteilles se fera via un obus propulsé par de l'air comprimé, évitant aux eaux-de-vie d'être au contact direct de l'air comprimé, comme auparavant.

En 2016, le cognac a établi un nouveau record historique à l'exportation avec 179,1 millions de bouteilles expédiées pour un chiffre d'affaires de 2,76 milliards d'euros, et 2017 s'annonce comme une nouvelle année exceptionnelle.

(Avec Benoit Van Overstraeten, édité par Jean-Michel Bélot)

par Sarah White et Pascale Denis