Le numéro deux mondial des spiritueux a vu sa croissance organique atteindre 5,7% entre juillet et septembre, après une hausse de 3% au trimestre précédent et de 4% sur l'ensemble de 2016-2017, un chiffre nettement supérieur à la progression de 3,4% attendue en moyenne par les analystes.

"Nous avons réalisé un très bon trimestre", s'est félicité Alexandre Ricard, PDG du groupe, lors d'une interview téléphonique avec Reuters, précisant que la performance sous-jacente, hors effets technique et de décalages de livraisons, demeurait solide et s'établissait entre 4% et 5%.

Ces chiffres ont été applaudis par le marché.

A 12h22, le titre Pernod Ricard gagnait 2,95% à 125,8 euros, après un sommet à 126,30 euros, signant la meilleure performance du CAC (-0,57%) et une progression de 22,2% depuis janvier.

A ces niveaux de cours, la valeur se traite sur des multiples de valorisation de 20,57 fois les bénéfices estimés pour le prochain exercice, contre 20,3 fois pour le britannique Diageo, leader mondial du secteur et 31,3 fois pour Rémy Cointreau, positionné sur les produits haut de gamme.

"Les chiffres sont très au-dessus des attentes et de bonne qualité", commentent les analystes de Jefferies, soulignant que le portefeuille de marques internationales dites "stratégiques", à plus fortes marges (Martell, Absolut, Jameson, Ballantine's, Chivas et Malibu) enregistre une progression de 8%.

Pernod Ricard a notamment vu ses ventes grimper de 15% en Chine, portées par une hausse sensiblement équivalente de son cognac Martell (80% des ventes dans le pays) qui profite comme ses concurrents Hennessy (groupe LVMH) et Rémy Cointreau d'un fort rebond de la demande auprès des classes moyennes-supérieures après des années de vaches maigres liées aux mesures anticorruption de Pékin.

Cette tendance ne doit cependant pas être extrapolée à l'ensemble de l'exercice, a estimé le PDG, soulignant que le groupe pensait toujours "faire mieux" que les +2% de 2016-2017 et que son objectif de croissance à moyen terme en Chine se situait entre 5% et 10%.

Il a aussi averti qu'un nouvel an chinois plus tardif (le 16 février 2018) impacterait négativement les ventes du deuxième trimestre, les livraisons ayant été concentrées sur cette période au cours de l'exercice précédent.

Pernod a également vu son whisky Chivas renouer avec la croissance en Chine grâce à de nouveaux investissements, tout en estimant qu'il était trop tôt pour évaluer le succès de la nouvelle stratégie de promotion de la marque.

Aux Etats-Unis, premier marché du groupe (17% des ventes), la trajectoire demeure solide (+4%), toujours portée par une progression à deux chiffres du whisky irlandais Jameson et par une envolée (+35%) de Martell, permettant de compenser en partie le recul de la vodka Absolut.

Alors que Hennessy, numéro un du cognac, a vu ses ventes baisser en volume pour cause de pénurie de stocks de "VS" (eaux-de-vie les plus jeunes) après des ventes massives aux Etats-Unis ces dernières années, le directeur financier, Gilles Bogaert, s'est dit "très satisfait" des niveaux des stocks, les jugeant "adaptés à la croissance anticipée dans toutes les gammes".

En Inde, son deuxième marché, Pernod Ricard reste pénalisé par une nouvelle réglementation sur la vente d'alcool près des grands axes routiers et par l'instauration d'une nouvelle taxe, mais confirmé prévoir une amélioration à partir du 2e trimestre.

La croissance de ses whiskies indiens, qui dépassait les 10% ces dernières années, est tombée à 1% au cours de l'exercice écoulé et a grappillé 2% au premier trimestre.

Au total, les ventes ont atteint 2,29 milliards d'euros, en hausse de 2% en données publiées, un chiffre lui aussi supérieur aux 2,25 milliards d'euros prévus.

L'objectif d'une progression du résultat opérationnel courant comprise entre 3% et 5% à taux de changes constants pour l'ensemble de l'exercice a été confirmé.

(Edité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis