Le groupe, également propriétaire de la liqueur Cointreau et du rhum Mount Gay, a publié jeudi des chiffres de croissance organique très supérieurs aux attentes (+8,0% au lieu des 4,7% attendus par les analystes), portés par son cognac.

Rémy Martin a vu ses ventes grimper de 18,7% à changes constants grâce à la Chine, où elles ont décollé de 30% à 40%, selon une estimation d'analyste confirmée par le directeur financier Luca Marotta lors d'une conférence téléphonique.

Le groupe avait déjà signé un solide redémarrage dans le pays au cours de son précédent exercice, après plusieurs années plombées par les mesures anti-corruption de Pékin.

Cette fois-ci, il a profité de comparatifs favorables et de la vigueur de la consommation privée des classes moyennes chinoises - qui dopent aussi les ventes de certains groupes de luxe comme LVMH ou Kering - et du succès de son "Club" vendu autour de 80 dollars la bouteille.

Les ventes en Chine ont aussi été tirées par le développement du e-commerce et celui de boutiques de "duty free" soutenu par Pékin pour doper la consommation locale.

Elles ont également été soutenues par Louis XIII, cognac ultra haut de gamme à 3.000 dollars (environ 2.500 euros) et une édition limitée de 500 carafes magnum baptisées "The Legacy" et vendues 10.000 euros pièce.

Malgré des performances très supérieures aux attentes pour le principal centre de profit du groupe, Luca Marotta s'est montré prudent sur son levier opérationnel.

"Le consensus (de 244 à 245 millions d'euros) sur l'Ebit 2017-2018 est assez ambitieux mais atteignable", a-t-il dit, précisant que les gains opérationnels seraient réinvestis pour soutenir les marques.

MIEUX CONCURRENCER LES "XO" DE LVMH ET PERNOD

Le cognac "XO" (eaux-de-vie d'au moins six ans) doit notamment faire l'objet de davantage d'investissement publicitaires pour pouvoir mieux concurrencer celui du poids lourd Hennessy, propriété de LVMH, et celui de Martell, détenu par Pernod Ricard.

"Luca Marotta a tempéré les ardeurs du marché sur l'Ebit", note un analyste sous couvert d'anonymat.

Après avoir ouvert en hausse de plus de 2% et touché un nouveau sommet à 106,45 euros, le titre Rémy Cointreau s'est retourné à la baisse après ces déclarations.

A 12h50, il perd 2,27% à 101,35 euros, signant la troisième plus forte baisse du SBF 120, qui gagne 0,2% au même moment.

La correction boursière s'explique aussi par des niveaux de valorisation très élevés, plus proches de ceux du luxe que de ceux de ses concurrents Pernod Ricard ou Diageo, numéro un mondial du secteur.

Il se traite à 29,5 fois les résultats estimés pour le prochain exercice, contre 19,2 pour Pernod et 20,1 pour Diageo.

Le cognac Rémy Martin a aussi profité d'une bonne dynamique en Russie, où la reprise se confirme, et dans le "travel retail" (ventes aux voyageurs), tandis que ses ventes ont reculé aux Etats-Unis - son premier marché - sur des bases de comparaison élevées.

Les ventes de la division liqueurs et spiritueux ont quant à elle accusé une baisse de 1,9% en données comparables, liée à la déconsolidation de Passoa depuis décembre 2016.

Au total, les ventes de Rémy Cointreau ont progressé de 9,9% en données publiées à 240,2 millions d'euros au cours du trimestre clos le 30 juin et le groupe a confirmé son objectif de croissance de son résultat opérationnel courant pour 2017-2018 à taux de change et périmètre constants.

(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis