"Vous avez publié la semaine dernière vos résultats semestriels. Ces derniers se sont notamment caractérisés par un résultat net part du groupe à 6,4 millions d'euros ; un chiffre d'affaires de 264,2 millions d'euros et une marge opérationnelle à 3,6%. Un commentaire ?
Ces résultats semestriels ne constituent pas une surprise. Ils sont en ligne avec les prévisions que nous avions annoncées. Certes, la marge brute a légèrement diminué mais sa baisse reste limitée dans un contexte de crise profonde à laquelle nous sommes confrontés et au caractère très agressif de la concurrence, particulièrement de la part des petits constructeurs.

Hormis la diminution des couts fixes, quels autres moyens vous ont permis de stabiliser vos résultats en dépit d'un contexte très dégradé n'épargnant ni les ventes, ni les marges ?
Nous avons effectivement réalisé un travail important sur les couts fixes l’année dernière qui nous avait permis de générer des économies d’un montant d’un peu plus de 3 millions d’euros sur une année pleine.
Certains départs n’ont pas été remplacés. Nous avons opéré une restructuration de certaines agences dans les villes où nous avions un maillage un peu trop dense. Enfin, nous avons également continué d’abaisser nos couts de communication en transférant la majeure partie de celle-ci sur le web au détriment des supports papiers.
Ceci étant, notre modèle est originellement basé sur peu de coûts fixes. Plus de 95% de notre production est sous traitée.
Nous avons réussi à afficher une contraction de la marge variable. Si les couts de fabrication matériaux et sous-traitance n’ont pas beaucoup varié, nous avons concentré nos efforts commerciaux sur les prix de vente particulièrement dans les régions tendues.

Quid de vos perspectives ? Vous escomptez un chiffre d'affaires en repli de 2,5% avec une rentabilité qui restera "satisfaisante". Qu’est ce que cela signifie ?

Nous avions avancé un chiffre d’affaires en recul de 5% hors prise en compte des opérations de croissance externe et du développement de notre activité rénovation, sachant qu’en 2013, nous avions vendu 9% de maisons en moins. Nous confirmons ce chiffre qui, après considération des acquisitions réalisées en début d’année et de la progression de notre activité sur le segment de la rénovation, s’établit à un repli de chiffre d’affaires de 2,5%.
Nous dégagerons une marge opérationnelle légèrement en dessus de celle du premier constatée sur ce semestre, autrement dit un peu au-dessus de 3,6%. C’est ce que nous entendons par rentabilité satisfaisante.
Nous ne renonçons pas à une rentabilité normative plus élevée, mais davantage en sortie de crise.

D’aucuns pensent que les réservations actuelles laissent présager une année 2015 difficile ?

Lors de la dernière réunion des analystes que nous avions organisée pour commenter les résultats 2013 en mars 2014, nous espérions une reprise des commandes à partir du deuxième semestre 2014. Ce n’est pas ce que nous avons constaté. Nos prises de commandes demeurent en diminution de 6,5% à fin juillet contre un marché en déclin de 28%.
Nous avons connu une décroissance plus significative au deuxième trimestre qu’au premier.

Vous ne vous attendiez pas à une chute aussi forte. Comment l’expliquez-vous ?

La crise de confiance considérable des ménages. Il y a toujours une volonté de devenir propriétaire d’une maison individuelle ce d’autant plus que les budgets demeurent accessibles. Cependant, les ménages ont peur de s’engager et de s’endetter sur une durée longue dans un contexte de chômage très élevé.

Pour quand tablez-vous une inflexion concernant les commandes ?
Nous pensons avoir atteint un point bas en juin-juillet.
Nous ne devrions pas voir d’inflexion dans ces prises de commande avant 2015. Ce faisant les commandes de 2014 devraient être moindres que celles de 2013. La production en 2015 sera donc a priori en décroissance par rapport a celle de 2014 sauf opérations de croissance externe.

Des opérations de croissance externe pourraient-elles être avancées d’ici la fin de l’année ?

Je ne crois pas que nous serons en mesure d’indiquer la réalisation d’opération de croissance externe au second semestre, mais davantage en 2015.
Ces opérations auront lieu en France. Nous recherchons des structures saines, bien localisées, avec un bon réseau de sous-traitance et une bonne marque. Ces acquisitions pourraient se faire dans le nouveau segment sur lequel nous souhaitons mettre l’accent, la rénovation.

Quels sont les principaux risques auxquels vous êtes confrontés mis à part la décroissance du marché qui renforce de manière sensible l'intensité concurrentielle et amène à une pression considérable sur les prix ?

Le risque majeur est indéniablement un effondrement du marché. Pour le reste nous avons des fondamentaux solides, une situation financière robuste avec une trésorerie nette d'endettement de 47,4 millions d'euros au 30 juin dernier, contre 66,4 millions à fin décembre.

Quel regard portez-vous sur la politique gouvernementale conduite en matière de logement ?
Les mesures évoquées par le gouvernement vont dans le bon sens. La fiscalité sur les terrains est une mesure que l’on réclamait depuis longtemps. Le fait de redonner du pouvoir d’achat par le biais d’un PTZ plus musclé surtout dans les zones sinistrées est également bienvenu.
On peut regretter qu’elles n’arrivent que maintenant.

En attendez-vous une bouffée d’oxygène ? Est-ce que cela suffira à enrayer la crise de confiance ?

Nous voulons y croire.

Quelles autres initiatives vous paraissent opportunes à prendre ?

Une TVA plus attractive pour la primo accession dans les zones les plus tendues.

Peut-on s’attendre à d’autres efforts de réduction des coûts fixe pour compenser la contraction de la marge commerciale ?

Si nous ne voyons pas d’inflexion dans les prises de commandes, il faudra que nous réajustions nos couts fixes pour 2015. Nous ne réorganiserons notre outil de production de manière profonde que si a termes nous n’escomptons pas de redressement. Nous avons des compétences que nous souhaitons conserver.
Les deux prochains mois seront cruciaux pour déterminer s’il y a lieu de revoir nos couts fixes l’année prochaine.

Un dernier mot pour vos actionnaires ? Votre cours de bourse est en hausse de 9,87% depuis janvier mais en recul de 10,89% depuis trois mois ?

La correction n’est pas incohérente compte tenu de l’environnement conjoncturel. Le cours de bourse repartira lorsqu’on aura plus de visibilité sur celui ci.

Quid de l’évolution de votre politique de distribution s’agissant de ces actionnaires ?
Nous sommes assez constants dans notre politique de distribution. Nous reversons habituellement 40% de notre résultat net consolidé. Nous avons pu augmenter à 50% ce ratio lorsque nous présentions à des résultats plus faibles que prévu.
Nous n’envisageons pas de superdividende car nous privilégions le maintien d’un cash confortable pour nous rassurer et rassurer nos partenaires.

Un dernier commentaire ?
Nous croyons vraiment en la rénovation comme autre relais de croissance pour la société face à la perte de vitesse du segment de construction des maisons individuelles.
Nous nous étions fixés un objectif de 10 millions d’euros de prise de commande cette année. Nous sommes à 5,6 millions fin juillet. Nous misons sur 15 millions d’euros pour 2015.
Nous sommes en mesure de maintenir les marges malgré une pression considérable pour abaisser les prix. Nous sommes un acteur de notoriété qui a les reins solides très bien implanté a même de garantir une certaine qualité avec quasiment aucun risque d’exécution. La large proportion des coûts variable nous permet de sécuriser en partie notre activité en amortissant le cas échéant une forte diminution de notre chiffre d’affaires.
La crise que nous traversons peut être source d’opportunités dans la mesure où on sera moins nombreux a pouvoir en sortir indemne.
La société avait sur tirer avantage de la crise de 1993. Il n’y a pas de raison qu’on ne sorte pas renforcé à l’issue de celle-ci.
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