(Actualisé avec citations, précisions)

par Julia Edwards Ainsley

WASHINGTON, 25 janvier (Reuters) - Donald Trump a pris mercredi deux décrets présidentiels pour renforcer la sécurité aux frontières des Etats-Unis et réprimer l'immigration clandestine, qui prévoient notamment la construction d'un mur le long de la frontière avec le Mexique, mesure qu'il avait promise pendant la campagne présidentielle.

Le président républicain devrait également prendre des mesures dans les prochains jour pour réduire l'immigration légale, en divisant par deux, à 50.000, le nombre de réfugiés autorisés à entrer aux Etats-Unis chaque année et en bloquant l'émission de visas pour les personnes en provenance de certains pays musulmans d'Afrique et du Proche-Orient (Syrie, Soudan, Somalie, Irak, Iran, Libye et Yémen).

Les deux décrets signés mercredi par Trump, moins d'une semaine après son investiture, engagent la construction d'un mur le long des 3.200 kilomètres de frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Ces décrets visent aussi à augmenter les effectifs des équipes qui luttent contre l'immigration clandestine et à supprimer les financements fédéraux des villes et Etats dit "sanctuaires", c'est-à-dire qui tolèrent la présence d'immigrants clandestins.

"Nous sommes en pleine crise à notre frontière Sud. L'augmentation sans précédent de migrants illégaux venant d'Amérique centrale nuit à la fois au Mexique et aux Etats-Unis", a déclaré Donald Trump dans un discours prononcé au département de la Sécurité intérieure après la signature des décrets.

"J'espère que les mesures que nous prendrons à partir de maintenant renforceront la sécurité dans nos deux pays à la fois. Un pays sans frontière n'est pas un pays", a-t-il ajouté.

MÉPRIS

Les grandes villes américaines comme New York, San Francisco ou Los Angeles offrent une certaine forme de protection aux migrants illégaux. L'aide fédérale à ces villes, qui se chiffre en milliards de dollars, pourrait être compromise.

"Les Américains ne seront plus obligés de subventionner ce mépris du droit", a déclaré le porte-parole de la Maison blanche, Sean Spicer.

Dans une interview accordée mercredi à la chaîne de télévision ABC News, Donald Trump répète que le lancement de la construction du mur entre les Etats-Unis et le Mexique est une affaire de mois et que le Mexique remboursera les Etats-Unis en intégralité.

"Construire cette barrière est plus qu'une simple promesse de campagne, c'est une première mesure de bons sens pour véritablement sécuriser notre frontière poreuse", a commenté Sean Spicer. "Cela va juguler de flot de drogue, de criminalité et d'immigration illégale vers les Etats-Unis", a-t-il ajouté.

Les entreprises américaines présumées bénéficiaires des mesures prises par Donald Trump, comme Martin Marietta Materials et Vulcan Materials, ont gagné du terrain en Bourse mercredi, tandis que l'indice Dow Jones dépassait pour la première fois les 20.000 points.

Le président a toujours dit que les travaux de construction du mur seraient financés par le Mexique, lequel a toujours rétorqué qu'il ne paierait pas.

"Nous serons remboursés à une date ultérieure sur les affaires que nous ferons avec le Mexique", a déclaré le chef de la Maison blanche sur ABC. "Je vous dis tout simplement qu'il y aura paiement. Cela se fera (...) peut-être sous une forme compliquée. Ce que je fais est bon pour les Etats-Unis. Cela sera également bon pour le Mexique. Nous voulons avoir un Mexique très stable, très solide."

COÛT INCONNU

Les soutiens des migrants ont aussitôt dénoncé des mesures liberticides.

Le coût du mur et sa longueur ne sont pas connus. Trump a déclaré l'an dernier qu'il coûterait "probablement huit milliards de dollars", et qu'il pourrait courir sur 1.600 km.

Le président va également mettre fin à la pratique connue sous le nom de "catch & release" qui fait que les migrants illégaux sont interpellés mais ne sont pas immédiatement emprisonnés ni expulsés.

Les décrets signés mercredi prévoient aussi l'embauche de 5.000 agents des Douanes et de la protection des frontières chargés d'interpeller ceux qui tentent d'entrer illégalement aux Etats-Unis et un triplement du nombre d'agents de l'Immigration and Customs Enforcement qui sont chargés d'arrêter et d'expulser les clandestins présents sur le territoire américain.

Les décrets augmentent aussi la surface consacrée aux zones de rétention des clandestins à la frontière Sud et facilitent leur expulsion.

Pendant la campagne électorale, Trump a également menacé de taxer lourdement les sociétés qui produisent au Mexique pour le marché américain et de dénoncer l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) en vigueur entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique depuis le 1er janvier 1994.

Trump et son homologue mexicain, Enrique Pena Nieto, doivent se rencontrer la semaine prochaine.

Interrogé sur le mur voulu par le président, le sénateur républicain John McCain a souligné qu'une barrière physique n'était pas suffisante pour sécuriser la frontière et a demandé des moyens de surveillance supplémentaires, notamment la construction de tours d'observation et l'utilisation de drones.

"Il est facile de faire une brèche dans un mur", a commenté le sénateur de l'Arizona, Etat frontalier du Mexique, sur la chaîne de télévision MSNBC.

Pour un graphique sur l'immigration http://tmsnrt.rs/2jZv4Sj (Danielle Rouquié pour le service français, édité par Tangi Salaün)