"Présentez-nous McPhy Energy, la société que vous dirigez et qui s’introduit en bourse le 25 mars ?
McPhy a été créée en 2008 par des ingénieurs pour développer une technologie innovante de stockage de l’hydrogène sous forme solide issue des laboratoires du CNRS. Aujourd'hui, notre société fabrique des équipements de stockage (avec cette technologie) et de production d'hydrogène. Elle offre ainsi des solutions complètes aux industries consommant de l’hydrogène dans leurs procédés de fabrication (verrerie, métallurgie, semi-conducteurs...) et aux énergéticiens avec qui elle participe à des projets phares pour la transition énergétique mondiale. Nous avons déjà 1000 clients dans le monde. Grâce à nos équipements, les industries utilisant de l'hydrogène dans leur cycle de fabrication sont en mesure de la produire et de la stocker elles-mêmes. Elles s’affranchissent ainsi de la livraison par camion et bénéficient d’une sécurité d’approvisionnement à moindre coût (ndlr : le coût d’installation d’un système de production et de stockage d’hydrogène s’élève à environ un million d’euros).

Vous êtes donc un concurrent d’Air Liquide ?
Nous ne sommes pas en concurrence avec les fournisseurs de gaz industriels comme Air Liquide, bien au contraire. Plusieurs font partie de nos clients et proposent nos solutions à leurs propres clients lorsqu’elles sont plus adaptées que la livraison d'hydrogène par camion. Par ailleurs, nous travaillons avec les producteurs et distributeurs d’énergie comme Enel, GDF Suez, Total, Dalkia. Alors qu'une bonne partie de l'électricité d'origine renouvelable (solaire, éolien) ne parvient déjà plus à être injectée dans les réseaux électriques, nos équipements permettent de stocker les surplus d'électricité en les transformant en hydrogène et d'éviter ce gaspillage. Nos équipements permettent ensuite d'injecter l'hydrogène dans le réseau gazier, c'est le "power to gas", de remplir le réservoir de véhicules électriques à hydrogène, c'est le "power to fuel", ou de retransformer l'hydrogène en électricité pour l'injecter dans le réseau électrique, c'est le "power to power".

Vous travaillez également avec le secteur automobile. Quelles sont les applications dans ce domaine ?
Nous proposons des équipements aux stations-service qui distribuent de l'hydrogène. Les voitures électriques à hydrogène commercialisées à l’heure actuelle procurent un usage proche des véhicules classiques : autonomie de 500 à 600 km, possibilité de faire le « plein » en quelques minutes, avec l'atout d'une conduite silencieuse. L’Allemagne est un pays précurseur dans ce domaine. Nous sommes ainsi partenaires de Total à Berlin, où nous installerons en mai une pompe de distribution d’hydrogène dans une station service près de l’aéroport de Schönefeld. Nous fournirons le système de production d’hydrogène par électrolyse ainsi que le système de stockage.

Vous souhaitez lever entre 22 et 30 millions d’euros lors de votre introduction en bourse. A quoi cet argent va-t-il servir ?
L’introduction en bourse répond à plusieurs objectifs. D’une part, nous souhaitons accélérer notre déploiement commercial en dehors de l'Europe (Amériques, Asie, Russie, Moyen-Orient). D’autre part, nous voulons développer nos trois sites industriels en France, en Italie et en Allemagne afin de répondre à la demande. Enfin, nous allons continuer à investir dans l’innovation pour être encore plus compétitifs.

Vous avez publié un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros en 2013 et une perte de 8,5 millions d’euros. Les analystes qui vous suivent ne prévoient pas de bénéfices avant 2016 ou 2017. Que pensez-vous de ces prévisions ?
Nous ne communiquons pas d’objectif financiers. Nous sommes globalement en phase avec les prévisions qui ont été faites. Tout ce que je peux vous dire c’est que nous estimons le marché des équipements de production par électrolyse et de stockage de l’hydrogène à 1,5 milliard d’euros d’ici 2020. Et, nous ne sommes qu’au début de la transition énergétique qui fait apparaître de nouvelles applications pour nos équipements.
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