Le télédiffuseur est contrôlé par la holding familiale de l'ex-président du Conseil Silvio Berlusconi, Fininvest, à hauteur de 39,53% et par Vivendi, qui détient 28,8% du capital.

La rapide montée de Vivendi au tour de table de Mediaset a envenimé leurs relations déjà tendues depuis que le groupe français a rompu en juillet dernier un accord avec le groupe italien sur le rachat de la chaîne Premium de ce dernier et sur des prises de participation croisées.

Bien que Vivendi ait affirmé que son renforcement au capital n'avait aucune visée hostile mais participait d'un intérêt à long terme, il a exaspéré le clan Berlusconi et Mediaset a dit qu'il risquait de paralyser ses activités.

"C'est plus qu'un différend d'affaires, nous sommes confrontés à une tentative de prise de contrôle hostile qui porterait atteinte à un champion national, crucial pour le secteur de la télévision", a dit le président de Mediaset Fedele Confalonieri, à l'ouverture de l'AG.

Le programme de rachats d'actions va permettre à Mediaset, qui détient déjà 3,79% en auto-contrôle, d'acquérir jusqu'à 10% de ses propres titres et de renforcer au besoin l'influence du clan Berlusconi.

En raison d'un mécanisme spécial dit de "whitewash", les grands actionnaires, y compris Fininvest, ne se retrouveront pas obligés de lancer une offre obligatoire sur les minoritaires si leur participation dépassait le seuil légal à l'issue du rachat de titres.

L'administrateur délégué de Mediaset Pier Silvio Berlusconi a déclaré qu'à ce jour Fininvest n'avait aucune raison d'augmenter sa participation.

VIVENDI ABSENT DE L'AG

Vivendi a choisi de ne pas participer à l'AG. Un porte-parole du groupe de médias français n'a donné aucune explication au sujet de cette absence mais une source proche du dossier a dit qu'il avait voulu éviter toute "perturbation à un moment délicat".

L'approbation du programme de rachats d'actions, voté par plus de 94% des 12,5% d'actionnaires minoritaires, alors qu'une majorité simple suffisait, pourrait aussi permettre à Mediaset de compenser partiellement l'impact d'une éventuelle vente de ses titres par Vivendi.

L'autorité italienne des communications, l'Agcom, a donné en avril au groupe français un an pour réduire sa participation soit dans Telecom Italia, soit dans Mediaset, afin de se mettre en conformité avec le droit de la concurrence local.

Dans l'attente du résultat de l'appel que Vivendi a formulé à l'encontre de cette décision, le groupe français devrait plafonner ses droits de vote au sein de Mediaset juste en dessous de 10%, a dit une source au fait du dossier le mois dernier.

Confalonieri a dit aux actionnaires que Mediaset avait déposé le 8 juin un nouveau recours contre Vivendi pour violation de contrat, concurrence déloyale et infraction à la législation sur le pluralisme à la télévision.

Interrogé par des journalistes en marge de l'AG sur ce nouveau recours, il a juste cité le vieil adage romain: "Si tu veux la paix, prépare la guerre."

(avec Gwenaëlle Barzic à Paris, Bertrand Boucey, Claude Chendjou et Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Giulia Segreti

Valeurs citées dans l'article : Vivendi, Telecom Italia, Mediaset