ROME (awp/afp) - Le groupe italien de télévision Mediaset, propriété de la famille Berlusconi, a mis vendredi ses menaces à exécution et assigné le français Vivendi en justice afin d'obtenir l'exécution du contrat signé entre les deux groupes le 8 avril dernier.

La tension n'a cessé de monter entre les deux groupes depuis le 25 juillet, date à laquelle le français avait renoncé au rachat de 100% du bouquet de télévisions payantes Mediaset Premium, comme il s'y était engagé au printemps, suscitant l'ire du groupe italien, propriétaire du bouquet.

Mediaset, qui avait alors menacé d'agir au pénal, a annoncé vendredi avoir mis ses menaces à exécution et déposé un recours en justice auprès du Tribunal de Milan afin d'obtenir "l'obligation d'exécuter" le contrat tel qu'il avait été conclu le 8 avril dernier entre les deux parties.

"Par souci de clarté, il convient de spécifier que l'acte de citation en justice ne concerne pas le grave dommage total que représenterait l'annulation du contrat non honoré (non inférieure à un milliard et demi d'euros)", précise cependant Mediaset dans son communiqué.

L'empire médiatique de Silvio Berlusconi somme le groupe français de Vincent Bolloré de lui verser une indemnisation de 50 millions d'euros par mois de retard dans l'exécution du contrat, à compter du 25 juillet 2016, date de la volte face de Vivendi.

Mediaset dénonce par ailleurs les propositions "dilatoires" et "fantaisistes" qui lui ont été faites par la suite par le groupe français.

Le groupe de Vincent Bolloré avait alors proposé au groupe appartenant à la famille de l'ancien chef du gouvernement italien de racheter non plus 100% mais 20% de Premium et de prendre une participation de 15% dans Mediaset, via l'émission d'une obligation convertible obligatoire.

- Pas de commentaire chez Vivendi -

Le groupe Vivendi, contacté par l'AFP, n'a pas fait de commentaires après le communiqué diffusé par Mediaset pour annoncer cette action en justice.

Les deux groupes médiatiques avaient pourtant scellé le 8 avril un "accord stratégique" passant par un échange de participations croisées de 3,5% et prévoyant le lancement d'une plateforme de contenus susceptible de concurrencer l'Américain Netflix, plutôt bien accueilli par les marchés.

Selon les termes de l'accord, Vivendi devait prendre le contrôle de 100% de Premium, mais après avoir émis des doutes concernant les prévisions de résultats de Premium, le groupe français a finalement fait machine arrière.

Premium, qui compte quelque 2 millions d'abonnés, a perdu 37,1 millions d'euros au deuxième trimestre et 63,7 millions d'euros au premier.

Le groupe italien avait indiqué que le bouquet de télévision renouerait avec l'équilibre en 2017 et avec les bénéfices en 2018, mais, selon certains observateurs, cela pourrait ne pas être le cas.

Mediaset a cependant rappelé fin juillet que "l'analyse des résultats de Premium avait eu lieu évidemment avant la signature du contrat" et souligné que les résultats de Premium étaient meilleurs que prévu.

L'annonce du recours en justice contre Vivendi a été faite après la fermeture de la Bourse. Le titre de Mediaset avait terminé la journée en baisse de 2% à 2,746 euros, dans un marché en baisse de 2,18% à 16.310 points.

Fin juillet, Finivest, la holding de la famille Berlusconi, avait vivement dénoncé mardi "l'incorrection absolue du comportement de Vivendi".

"L'attitude de Vivendi laisse clairement penser que son véritable objectif non déclaré (...) est en réalité celui de se construire de façon détournée et inacceptable une position très importante dans l'actionnariat de Mediaset", via les 15% réclamés, avait-elle ajouté.

Cette mesure diluerait la part de la famille Berlusconi, qui détient actuellement 34% du groupe.

Selon les observateurs, la crainte est qu'ensuite Vivendi prenne le contrôle de Mediaset, comme il l'a fait avec Telecom Italia, dont il est devenu l'an passé l'actionnaire majoritaire.

Le président du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine, avait contesté mardi toute volonté de ce type

Selon l'agence de presse RadioCor, la Fininvest présidée par la fille de Silvio Berlusconi et qui contrôle Mediaset, a l'intention de déposer à son tour un recours contre Vivendi.

mau/ob/csg